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YOSSI

Un film de

Reconstruction

Yossi, 34 ans, vit seul à Tel Aviv. Il est cardiologue et ne sort que très peu depuis la mort, 10 ans plus tôt, de Lior, son amant de l'époque. Suite à une maladresse au bloc opératoire, ses supérieurs le forcent à prendre des congés. Il part alors dans le sud, bien décidé à visiter le Sinaï...

« Yossi » est la suite de « Yossi et Jagger », film contant les amours homosexuels entre Lior (Jagger) et Yossi, alors jeunes officiers de l'armée israélienne. Tiré d'une histoire vraie, longtemps sous le coup des embargos de l'armée, peu désireuse de voir l'image du soldat viril potentiellement mise à mal, le film fut un succès en 2005, y compris dans son pays. Revoici donc le survivant des deux, Yossi, ayant terminé ses études de médecine, mais toujours traumatisé par la mort de son amant, et incapable de faire de réelle rencontre.

Au travers d'un voyage, sorte d'exil loin des humiliations du milieu homo de Tel Aviv (voir la scène, cruelle, où un jeune éphèbe lui reproche que ses photos sur internet datent un peu...) ou des sorties forcées avec les collègues hétéros (voir aussi la scène des toilettes, pleine de bonnes intentions, mais dégradante à souhait), Eytan Fox décrit l'éveil progressif de cet homme à une nouvelle relation. Par sa rencontre avec quatre soldats, reflets douloureux mais forcément captivant d'une jeunesse déjà disparue, le scénariste Itay Segal entraîne son personnage dans un déluge de sensations, la prudence de celui-ci l'empêchant de profiter du moment.

Doté d'un humour discret (les spectacles ridicules des hôtels touristiques, les CD de « musique de vieux »...), « Yossi » marque le passage à l'âge adulte, opposant vie et centres d'intérêts des jeunes de vingt ans, et apparente tranquillité de ceux de la trentaine. Il fustige aussi les excès du « paraître », le corps body-buildé d'un masseur constituant forcément un rival pour l'homme mûr et bedonnant qu'est devenu Yossi. Eytan Fox, réalisateur du formidable « Tu marcheras sur l'eau », arrive au final à toucher, tout en douceur, grâce aussi à son acteur principal, Ohad Knoller, dont l'attitude fermée recèle un charme indéniable, constitué d'un sourire gêné et d'une bonhomie pudique. Une œuvre exigeante, emplie de tristesse, mais regorgeant de l'espoir d'une nouvelle vie.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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