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YELLING TO THE SKY

Un film de Victoria Mahoney

Pencher du mauvais coté

Deux sœurs, dont l’une est enceinte, vivent chez leur mère malade dans un quartier noir. Leur « père », lui, va et vient, laissant planer sur le foyer la menace de ses coups de colères, doublés d’accès de violence incontrôlés…

Présenté en compétition au Festival de Berlin 2011, "Yelling to the sky" n'apporte pas grand chose de nouveau à la thématique de la misère sociale au sein de la minorité noire. Mêlant propos sur la persécution de deux sœurs par le reste du quartier, questions sur les couples de couleurs mixtes et les problèmes de violence du conjoint, ce premier long métrage ne cesse d'accumuler les clichés, sans vraiment jamais passionner pour le sort de ses personnages. Dans un contexte pareil, chacun sauve les meubles comme il peut. L'âge venu, l'amour filial ou le peu qu'il en reste, se confronte au besoin de sauver sa peau ou se construire un destin. Ainsi, la plus âgée des deux sœurs choisira de partir s'installer avec son copain (elle reviendra bien vite, avec son bébé sur les bras) et la plus jeune reste, persévérant dans ses efforts, y compris de communication avec son père.

On adopte ainsi le point de vue de la plus jeune des filles et de sa sœur, l'une réussissant temporairement à s'évader du cocon familial, tandis que l'autre ne trouvera pas meilleur échappatoire que de tomber amoureuse d'un dealer. Mais le cocktail dangereux de la revente et de la liaison sera à peine esquissé, la réalisatrice préférant se pencher sur les rapports conflictuels avec leur père. Malgré de jeunes interprètes plutôt convaincants, dont la fille de Lenny Kravitz, Zoe, le film souffre d'une accumulation de situations et hasards plus dramatiques les uns que les autres, nous livrant une peinture d'un milieu défavorisée un peu trop chargée, pour tenter de faire passer un message de pardon un peu trop appuyé. Reste la version rap de « Both sides now » de Johnny Mitchell en guise de générique de fin, histoire que ceux qui n'auraient pas déjà versé leur larme face aux souffrances intérieures d'un père paumé ou à l'absence de perspective des deux filles, malgré leur volonté de rébellion.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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