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WARM BODIES

Un film de Jonathan Levine

Romantisme au rabais

8 ans après la contamination, un zombie s'aperçoit qu'en mangeant la cervelle de ses victimes, il ingère aussi leurs souvenirs et leurs sentiments. Croisant la route de la fille d'un des leaders humains, dont il a dévoré le petit ami, il décide de la protéger...

Si l'on est intrigué quelques instants par le postulat de départ de ce nanar de luxe, il faut vite dire que l'humour initial plutôt réjouissant (la discussion prétendue entre deux zombies « amis » au comptoir d'un bar, les commentaires en voix-off sur la pénible vélocité réduite pour se déplacer...) ne sera distillé par la suite qu'au compte-gouttes. Le fait d'adopter pour une fois le point de vue du mort-vivant était pourtant prometteur. Mais rapidement aucun des points exposés en voix-off par le « héros » ne semble tenir. Les zombies si lents et claudicants se mettent à courir et à faire preuve d'une adresse inattendue.

La bluette entre le jeune zombie (Nicholas Hoult, vu dans « X-Men le commencement » ou la série « Skins », et prénommé ici affectueusement « R. » par sa protégée) agace rapidement par sa niaiserie. Quant au scénario, il finit par désespérer, n'exploitant jamais la piste du drame potentiel (le jeune homme ayant tout de même bouffé le petit ami de la demoiselle), préférant introduire une troupe d'incurables (des créatures proches de momies squelettiques) et nous la jouer références aux classiques de la littérature (« Roméo et Juliette » et sa scène du balcon).

S'enlisant dans un romantisme neuneu et facile, « Warm Bodies » ne s'intéresse pas à son sujet, la nature de l'humain, qui « ressent », et préfère en mettre plein la vue avec ses décors insolites (le gentil zombie vit dans un avion... allez savoir pourquoi...) et sa ville entourée d'un mur gigantesque. Le comble est atteint lorsque même l'humour finit par tomber à plat, comme lors de la scène de maquillage du zombie pour le faire passer inaperçue. La chanson « Pretty Woman » envahit alors nos oreilles, dans un clin d’œil référentiel au film du même nom et à la transformation d'une Julia Roberts de prostituée en femme du monde. Mais rapidement interrompue par la moue de la belle, elle est remplacée par une musique plus récente et moins connotée par l'amie venue l'aider. La bonne idée de souligner ainsi la lourdeur de la référence, la rend au final encore plus pesante. Mais qu'est allé faire John Malkovich dans cette galère pour adolescentes en mal de mâle pâlichon ?

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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