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VOYAGEURS ET MAGICIENS

Hautement symbolique

Dondup est récemment devenu fonctionnaire dans un village retiré du Bouthan. Rêvant d'émigrer aux Etats-Unis, il attend fébrilement une lettre d'un ami américain qui lui a promis un visa. Lorsque la lettre arrive enfin, il prend la route, mais manque l'unique bus qui devait l'emmener à la ville. Il décide de continuer à pieds, et de faire du stop...

Toute la force de ce récit du sympathique « La Coupe », où des moines bouddhistes se prenaient au jeu de la coupe du monde de foot, ne se trouve plus dans la découverte du choc de cultures très lointaines, dans leur géographie, comme dans leur idéologie, mais dans le retour symbolique aux sources d'une culture en perte d'identité. Car Norbu met savamment en évidence les divers détails qui nous font sentir l'invasion programmée du mode de vie occidental, depuis les chaussures préfabriquées, jusqu'aux posters, symboles d'une modernité galopante. D'où un contraste saisissant avec les modes de vie décrits sur place, comme dans le conte qu'un des voyageurs de fortune, un moine, va tenter d'inculquer au personnage principal, et que le réalisateur illustre sous forme de flashs back.

Même si l'on est touchés par la simplicité du propos et la fraîcheur de l'histoire d'amour, il faut avouer cependant que le parallèle symbolique entre le conte et les aventures du futur émigré, qui va rencontrer une charmante fille de marchand, le long de son chemin, n'est pas des plus légers. Du coup, les personnages apparaissent vite comme de simples caricatures, tel le moine, souriant et mielleux, ou le marchand de pommes, silencieux. Heureusement, les mises en situations que nous propose Norbu, le long de cette route sans fin, sont suffisamment croustillantes, et éloquentes quant à l'évolution du pays et de ses mentalités pour faire oublier ces détails. Et ceci nous rappelle tout de même qu'il y a encore des pays, comme le Bhoutan, où les gens ne courent pas après la montre, et savent encore rester calmes. Un voyage enrichissant, même si un rien cliché.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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