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TEAM AMERICA, POLICE DU MONDE

Un film de Trey Parker, Matt Stone

Une vision satirique de la politique étrangère américaine par d’autres américains : féroce et très drôle

Alors que de vilains méchants islamistes se promènent dans Paris avec des mallettes bourrées d’explosifs à retardement, la Team America débarque avec son hélicoptère, et explose ces ennemis, rasant au passage une partie de la ville, Tour Eiffel et Arc de Triomphe compris…

Après une ouverture en fanfare, où les réalisateurs mettent en exergue l’incompréhension mutuelle de deux peuples, français et américains, on comprend vite où les créateurs de South Park veulent en venir. Certes, ils épinglent la politique étrangère de l’administration Bush, avec l’usage systématique et irréfléchi de la force, mais ils fustigent également l’ONU et sa pseudo neutralité, devenue incapacité voyante à agir, ou à contenir l’action, la tournant en ridicule. Loin de donner dans l’anti-bush comme pouvait le faire Michael Moore, ils s’en prennent également aux acteurs, réduits à une bande de crétins aux idées minimalistes concernant la paix, qui se sont regroupés dans le FAG (jeu de mot, car « fag » en anglais signifie PD) !

La lecture à double sens de cette dénomination vaseuse pour ce qui se veut un lobby anti guerre, n’apparaîtra pas d’évidence à tous, mais cette approche donne lieu à quelques scènes d’anthologie, où l’on voit notamment Matt Damon, capable uniquement de prononcer deux mots (son nom et son prénom) avec un air niais, limite attardé… Si le film fait forcément penser aux Thunderbirds, on notera qu’ici les auteurs assument le kitsch, en n’hésitant pas à montrer les fils, qui forcément rendent pathétiques les quelques scènes de baston, ou de poursuite. Mais le ridicule voulu fait souvent rire. Aucune recherche de réalisme dans ce Team America, car le comique vient au contraire de là, avec entre autres, la scène de sexe absolument ahurissante, avec nombre positions olé olé… qui permet aux auteurs de se moquer de la pudibonderie ambiante.

Enfin, l’autre victime de cette parodie surdimensionnée, est Hollywood elle même. Le film est en effet ponctué de chansons hilarantes, où les auteurs se moquent de nombreux films (comédies musicales) ou feuilletons télé, soap, pub Loreal, à la mièvrerie exacerbée. La chanson du dictateur coréen qui crie sa solitude ou celle sur les passages d’action accélérée sous forme de « montage » sont deux séquences qui resteront dans les annales. Pour achever de donner à leur film la quasi certaine appellation « culte », les auteurs de South Park sont aussi restés fidèles à eux mêmes en donnant ponctuellement dans le crade, avec notamment une scène de vaumi… interminable et donc forcément, drôle malgré vous. Un film enlevé, qui tire à boulets rouges dans toutes les directions, et où derrière chaque dialogue, une blague, une critique, se cache.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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