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SUMMER

Un film de Alanté Kavaïté

Faire le grand saut

Lors d'un meeting d'aviation, la jeune Sangaïlé observe avec curiosité les avions faire d'impressionnantes figures. Mais lorsqu'une des responsables de la tombola se débrouille pour lui faire gagner un vol avec le champion du monde, celle-ci se dégonfle et préfère s'éloigner discrètement. En revanche, elle fait la connaissance d’une jeune fille de son âge, avec laquelle elle va peu à peu se rapprocher...

Voici enfin un film qui parle du passage à l'âge adulte et de l'affirmation de soi, sans faire de grands drames et de manière originale. Car dans "Summer" (titre français choisi pour l'importance de cette saison dans le cachet visuel du film), il est question de savoir prendre des risques et de maîtriser sa peur, pour pouvoir avancer. Le récit pourra paraître à certains plutôt minimal, mais la beauté de la photographie, assumant un aspect hors du temps, et la simplicité de l'idylle entre les deux filles font que cette œuvre revêt un aspect à la fois envoûtant et quelque peu hypnotique.

De cette rencontre naît avant tout une approche de la découverte de soi. Des vertiges initiaux de l'héroïne, renfermée et fuyante, on passe à ses efforts pour faire face au danger : celui d'une relation dans laquelle elle se donne et celui d'une peur du vide qu'elle combat en escaladant tout un tas de structures. Et le film d’offrir ainsi de magnifiques plans sur l'immense maison de bois de ses parents balayée par les vents, une très jolie scène d'amour dans les champs et de magnifiques excursions sur les pylônes électriques ou les plateformes haut perchées…

La caméra d'Alanté Kavaïté se fait légère, aérienne, prenant subitement de la distance avec ce monde qui perturbe l'héroïne. Elle observe les deux femmes dans leur intimité, entre partage et lâcher prise, dans une baignoire (où les rites adolescents s'estompent) et dans les prairies d'herbes hautes, des lieux qui deviendront leur nid. Ceux qui se laisseront aller au rythme contemplatif du métrage découvriront un beau film, venant tout droit du trop rare cinéma lituanien.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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