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STRATOS

Un film de Yannis Economides

Une parabole politique de trop ?

Un homme attend aux abords d’un bus désaffecté. Alors qu’un autre entre dans le bus, des courses à la main, il y monte à son tour et décharge son revolver sur lui. Cet homme s’appelle Stratos, il travaille dans une pâtisserie industrielle et effectue des contrats en tant que tueur à ses heures…

Après le âpre et séduisant "Miss Violence", multiple primé au Festival de Venise 2013, "Stratos", découvert au Festival de Berlin 2014 fait un peu office de film de trop en forme de parabole sur l'état économique de la Grèce, la corruption et l'incapacité des politiques à agir pour le bien commun. Dès le début le spectateur nage dans une mare d’incompréhension, entre obscure nature des contrats effectués par Stratos, lui-même ne sachant pas pourquoi il les effectue et ne sachant rien de ses cibles, et le flot d'insultes ponctuant pratiquement chacune des phrases (le mot Malaka, qui veut dire connard, enculé, branleur, PD... ne vous sortira plus de la tête) et leur répétition exaspérante jusqu’à deux voire trois fois.

Sur le fond, le film utilise les mêmes ressorts que dans "Miss Violence", les personnages n’hésitant pas à faire payer la dette aux générations suivantes (homme prêt à prostituer sa femme et sa petite fille pour payer ses dettes), et le récit provoquant une perte de repères, en ne sachant plus qui arnaque qui, ou qui dirige ce petit monde. Les paraboles semblent multiples, de l’argent donné en échange du meurtre (comme une aide internationale contre la liquidation de services publics…) au coup du tunnel à percer pour faire s’échapper Leonidas, truand en chef de la prison, (dont on ne voit jamais le bout) et qui finalement aspire des dons volontaires d’argent…

L’absence de rythme et les trois quarts d’heure de trop de ce long-métrage auront au final raison des spectateurs les plus patients, "Stratos" constituant un film difficile d’accès, dont le personnage central, apathique à l’excès, se fait traiter de tous les noms à chaque rencontre avec un nouveau personnage : une autre parabole d’une politique qui ne satisfait personne, ni les citoyens, ni les financiers, ni l’Europe ? C’est à voir. Ou pas.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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