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STAND

Un film de Jonathan Taïeb

Une réelle tension pour un sujet brûlant

Alors qu’il conduit, Vlad, le petit ami d’Anton, refuse de s’arrêter pour venir en aide à un jeune homme se faisant agresser. Apprenant par un ami travaillant dans un hôpital, qu’un jeune homosexuel est décédé suite à une agression, Anton décide de se faire passer pour un journaliste et d’enquêter sur les dernières rencontre de celui-ci, alors que la police a déjà classé l’affaire…

Tourné en Ukraine avec un faux scénario, par une équipe de seulement 6 personnes, "Stand" dénonce moins les agissements directs d'un pouvoir politique répressif envers les homosexuels, qu'il ne montre les conséquences d'une homophobie libérée par une loi interdisant la « propagande homosexuelle » et relaçant par ricochet la considération de celle-ci comme une maladie, ou sa confusion avec la pédophilie. Inspiré de faits-divers (ces vidéos transmises sur le net, où un groupe s'en prend violemment à un homosexuel...), le scénario se positionne du côté d'un couple d'hommes, dont l'un tente de dénoncer ce type d'agissements.

À partir de ce couple dont l'un des membres se sent impliqué plus que l'autre, s'inventant une enquête journalistique, les scénaristes mettent la sensation de danger au cœur du récit. Du baiser échangé en toute discrétion avant d'ouvrir la porte de leur immeuble, jusqu'à la scène du premier rendez-vous, filmée et écoutée par l'ami fidèle, en passant par la rencontre avec une famille peu encline à connaître la vérité, la tension s'installe progressivement.

Et Jonathan Taïeb en profite pour nous livrer quelques beaux moments de cinéma, avec notamment la scène dans laquelle Vlad perd la trace de son ami, plongeant progressivement dans l'obscurité d'un jardin des plus glauques, et dans une panique légitime. Changeant en permanence de point de vue, la caméra, tantôt subjective, tantôt collant au personnage, traduit à la fois le danger et l'inquiétude. Mis en scène dans des lieux trouvés au jour le jour, au fil des 11 jours de tournage, le film traduit une certaine urgence à réagir, tout en dépeignant, grâce à ses deux acteurs principaux, un couple des plus crédibles. Un film qui rappellera aux homosexuels hexagonaux à quel point leurs acquis en terme de liberté sont à la fois récents et fragiles.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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