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LE SOLDAT DIEU

Un film de Koji Wakamatsu

Un parti-pris radical

Un soldat japonais revient de la guerre sans bras ni jambes, le haut du visage brûlé. Sa femme l'accueille avec dégoût, mais accepte peu à peu de le laver, de le nourrir, de se montrer nue à lui et de faire l'amour avec lui...

Malheureusement le contenu de "Caterpillar" (« Le soldat Dieu ») s'arrête presque au résumé fait ci-dessus (une femme s'occupe de son mari plus que diminué). Car hormis la révélation cauchemardée d'un secret presque entièrement contenu dans la première scène, le récit, pénible et laborieux, n'avance jamais, tournant en rond autour d'interrogations stériles sur la nature des "Dieu de guerres" décorés par l'empereur. On suppose que l'intention du réalisateur est d'en faire un discours universel, valable pour tous les conflits. Mais la forme, voyeuriste en diable, emplie de cris et colères certes compréhensibles, mais rapidement inutiles et redondants, agace très vite.

D'autant plus que se mêlent à un présent ponctué d'images d'archives sur les principales étapes de la guerre de 45, les cauchemars de l'homme tronc, images tournées en noir et blanc, et doublées de rideaux de flammes en sur-impression, où l'on voit trois femmes crier, plus quelques chants patriotes repris par les personnages... Bien entendu le parti-pris formel est pleinement assumé, et le passé de l'homme, réduit à l'état d'objet impuissant, ressurgira avec contraste, mais tout cela ne respire pas la modernité. Reste l'interprétation de Shinobu Terajima récompensée au Festival de Berlin 2010, qui a su rester crédible malgré les flots de souffrance emmagasinées, qu'il s'agissait ici de libérer sur un éclopé. Dur.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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