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SHANGHAÏ BELLEVILLE

Un film de Lee Show-Chun

De bonnes intentions... qui ne font pas tout

Venu de Croatie, Liwei abandonne son petit frère dans une gare française, espérant pour lui un meilleur sort que clandestin. Arrivé à Paris, il fait la connaissance sur un chantier de Mr Zhou, fraîchement sorti de nulle part et recueilli par Anna, prostituée. Ensemble, ils vont rechercher la femme de Mr Zhou, Gine, immigrée en France deux ans plus tôt...

Histoire d'immigrants chinois, installés ou évoluant dans le quartier de Belleville à Paris, « Shanghaï Belleville » se veut un film poétique balayant diverses situations d'exil économique, et une peinture d'un contexte où l'exploitation règne. Dans cette sombre histoire aux nombreux raccourcis (le film ne fait qu'une heure dix, et aurait mérité bien plus de temps pour embrasser son ambitieux sujet), il y a 4 personnages principaux. Liwei a perdu ses parents et vivote sans grande ambition sauf celle de la survie. Mr Zhou recherche désespérément sa femme, dont il n'a plus de nouvelles et qu'il aperçoit en fantôme ça et là. Anna cherche à subvenir aux besoins de sa famille restée au pays, en se prostituant et en recherchant un mariage de convenance qui régulariserait sa situation. Enfin, Melline, tente d'échapper à un mariage arrangé, par amour pour Liwei.

Tentant de décrire une société où l'individualisme est roi, à l'image d'une des premières phrases prononcée par le personnage d'Anna, affirmant qu'on ne peut compter sur personne, le scénario s'efforce paradoxalement d'apporter un peu d'incongruité dans ce monde fait de chantiers employant au rabais, d'ateliers clandestins et de travailleuses du sexe. Mais cela se fait sans aucun contact avec les autochtones, comme si Belleville n'était composé que d'asiatiques, le seul « français de souche » du film étant le vieillard qu'Anna rencontre par internet (Jacques Boudet), espérant lui soutirer de l'argent, et le seul arabe, un vieux client tournant autour d'une cabine téléphonique, espérant tirer son coup.

Les enjeux de chacun restant à l'état de schémas, l'émotion est cruellement absente du métrage, malgré le dénouement de l'intrigue principale. Il faut dire que la qualité globale d'interprétation n'aide pas à sortir d'une sensation de caricature, renforcée par l'apparition du gang de « pokémons », as de l'informatique apportant un peu de surréalisme mais aussi de facilité au scénario. Seule la jeune Alice Yin, devant choisir entre amour et confort, arrivera à nous faire ressentir son anéantissement face au peu de perspectives qui s'offrent à elle. Malgré toute la générosité et la bienveillance de l'histoire, ça reste cependant un peu mince.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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