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SANG-FROID

Un film de Hans Petter Moland

Réchauffé

Nelson Coxman voit un jour sa vie bouleversée par le décès de son fils Kyle, mort d’une overdose d’héroïne. Dans cette petite station de ski du Colorado où il travaille comme conducteur de chasse-neige, il découvre que l’assassinat a été commandité par un caïd nommé Viking, alors à la tête d’un puissant cartel. Pour Nelson, c’est l’heure de la vengeance, à consommer très froide…

Sang froid film image

Était-ce vraiment une si bonne idée de demander à Hans Peter Moland de réchauffer ses "Refroidis" à la sauce ricaine ? Disons qu’en sachant que Liam « Je préfère désormais casser des gueules que viser l’Oscar » Neeson allait reprendre le flambeau, on savait déjà à quoi s’attendre : rien de plus qu’un sous-"Taken" comme l’acteur aime en pondre tous les six mois, à la manière d’un employé conciliant qui pointerait à l’usine des DTV vite faits mal faits dans le seul but d’encaisser son chèque. On ne vous fera pas le topo sur ce qui va se passer dans cette intrigue : la simple lecture du synopsis suffira à vous griller le début, le milieu et la fin, et les connaisseurs de "Refroidis" ne manqueront pas de compter une par une les scènes qu’ils ont déjà vues (on est ici dans du décalque pur et simple). Les néophytes se laisseront donc gagner par un détail que la bande-annonce laissait un peu transparaître, à savoir la propension du réalisateur à faire lorgner son produit calibré vers la comédie noire. "Sang Froid" se révèle ainsi chapitré à partir du nom des personnes destinées à finir zigouillées par Liam (son flingue, ses poings, son chasse-neige, etc…), avec à chaque fois un petit dessin à côté et une petite musique rigolote pour accompagner la disparition du cadavre (on a même droit à l’impayable Barbie Girl d’Aqua !).

On le reconnaît volontiers, ce principe-là peut faire sourire… à condition qu’on ne soit pas déjà familier du film original – c’est hélas notre cas – et encore moins rompu à l’exercice du polar décalé – le simple fait que le film se déroule dans un décor enneigé à la "Fargo" constituait déjà la limite de "Refroidis". L’autre souci majeur de l’entreprise, c’est qu’à ce petit jeu de l’équilibre, les codes du vigilante bas de plafond sortent clairement vainqueurs face au désir de se la jouer sadique et décomplexé à la mode scandinave. De même que le film ne tire même pas profil de seconds rôles bien caractérisés (le vilain bôgoss, le chef indien, le frère louche, le tueur à gages, le parachutiste, etc…), les condamnant ainsi à faire du surplace en attendant d’être occis par un Liam Neeson de plus en plus marmoréen dans son jeu et limité dans son registre – c’est dire si une fin de carrière à la Steven Seagal lui tend de plus en plus les bras. En fin de compte, seul le conseil suivant aurait ici valeur de critique : si vous ne l’avez pas encore vu, pourquoi ne pas sortir le film original de son emballage plastique au lieu d’en décongeler les restes laissés un peu trop longtemps dans un petit Tupperware américain ?

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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