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THE SADDEST MUSIC IN THE WORLD

Un film de Guy Maddin

Un style surprenant

En 1933, lors de la Grande dépression, Lady Port Huntley, canadienne prêtresse de la bière, décide de lancer un concours de la musique la plus triste du monde. Chester Kent, l'un de ses anciens amants, décide de jouer les impresario pour la candidature des Etats Unis…

Guy Maddin s'était illustré en 2001 avec un film en noir et blanc, et sans dialogues, parodiant les films muets du début du siècle : « Dracula, pages tirées du journal d'une jeune vierge ». Il réitère l'expérience cette année, avec un film visuellement dans le même esprit, mais parlant cette fis-ci. Basculant progressivement du noir et blanc au sépia, puis à une certaine forme de colorisation, il filme comme antan, et ajoute à sa pellicule tous les défauts liés au matériel de l'époque : déformation de l'image, stries, montage approximatif et parfois brutal. Non content de bousculer le spectateur, habitué aux images léchées, il lui remue les méninges et les entrailles avec une histoire étrange d'amour contrarié.

Dès les premières scènes, il nous présente un couple espérant un avenir meilleur, dont la femme (Maria de Medeiros) raconte ses histoires de ver solitaire qui lui donne des indications sur l'avenir ! Adoptant un ton outrageusement sérieux, totalement en décalage avec les aspects, raisonnements ou inventions des différents personnages, Guy Maddin et ses co-scénaristes suscitent un rire mêlé d'inquiétude. Car derrière les prothèses en verre, emplies de bière que le père offre à la baronesse, le drame couve, entre père et fils rivaux en amour, entre frères concourants pour deux pays différents. Au final, The saddest music in the world est un film visuellement déroutant, qui contient un vrai secret.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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