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RONDE DE NUIT

Une construction originale

Une femme se voit suppliée par son mari, soldat, de ne jamais plus le quitter. Une femme erre dans les rues, vêtue d'un long manteau. Un couple lesbien est au bord de la rupture. Un jeune homme, tout juste sorti de prison, habite chez un vieil homme. Son ancien compagnon de cellule le retrouve...

Sortie en DVD le 25 janvier 2012

« The night watch » est une adaptation du roman de Sarah Waters (2006) réalisée pour la télévision britannique (BBC). Le film débute en 1947, dans le Londres de l'après-guerre. Mais sa construction originale fait autant sa force que sa faiblesse. En effet, remontant dans le temps, la narration passe subitement de 1947 à 1944, puis à 1941, nous plongeant ainsi en plein conflit, sous les bombardements de l'Allemagne nazie. Un choix intriguant, présenté visuellement comme le rembobinage d'une vieille cassette VHS, et permettant au passage de capter quelques bribes des événements que l'on verra dans le chapitre suivant. Cela a le défaut de nous perdre dès le début devant la multitude de personnages, dont on ne saisit pas réellement les liens, tout en nous intéressant à la suite, éclaircissant peu à peu les situations complexes de chacun.

Ce fonctionnement en « teaser » successifs maintient, il est vrai, un certain suspense et permet de dévoiler dans chaque chapitre, d'une durée de trois ans, une série de secrets qui tient autant aux mœurs qu'aux comportements individualistes, exacerbés en temps de guerre. Ainsi, la seconde fenêtre expliquera la jalousie du mari de l'une, ainsi que les liens entre les deux prisonniers. La troisième époque sera elle consacrée aux différentes rencontres qui ont forgé tous ces destins. Le film de Richard Laxton expose ainsi de manière plutôt clinique les agissements, trahisons, blessures, secrets de bons nombres de personnages, auxquels on a cependant du mal à s'attacher. Il faut dire que le malheur est très présent et pesant tout au long du récit.

Du coup, lorsque le film retourne en 1947 pour assurer son final, l'émotion est cruellement absente. Ceci malgré la bonne idée qui consiste à dire que « le happy end dépend de où on arrête son histoire ». Car un nouveau départ pour un personnage, transforme parfois le dénouement est un nouveau commencement. Reste que ce drame, qui aurait dû être déchirant, s'avère tout juste tiède.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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