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LE RÊVE ITALIEN

Un film de Michele Placido

Trio amoureux sous le vent de 68

En 1967, les premières manifestations étudiantes ont lieu. Puis les grèves étudiantes dans les universités. Une jeune fille de bonne famille décide de s’engager politiquement, rejoignant le parti communiste, elle est vite rejointe par d’autres élèves, dont un jeune policier infiltré…

Michele Placido, réalisateur du remarquable "Romanzo criminale" pensait certainement inscrire son nouveau film dans la mouvance de ces films italiens qui se penchent sur l'histoire récente de l'Italie, décrivant avec ferveur le destin d'une famille ou d'un groupe de personnages ("Mon frère est fils unique", "Nos meilleures années"...). Malheureusement, si le charme des interprètes fonctionne à plein, si l'année 68 était chargée en évènements porteurs en Italie aussi, son film manque cruellement de souffle. Et pour un "grand rêve" c'est un peu un comble.

Et ce ne sont pas les passages mélangeant images d'archives et récit en noir et blanc, qui sont à même de créer un rythme ou une émotion, nécessaires à ce genre d'histoire. Finalement, on assiste en spectateur aux classiques manifestations étudiantes, aux grèves, aux rafles, sans jamais vraiment se sentir impliqué émotionnellement. Dommage, car entre un triangle amoureux, des émeutes, une utopie communiste qui vire au terrorisme, des trahisons en tous genres, il y avait de quoi mitonner une histoire passionnante.

Le film tire quand même du scénario quelques jolies scènes grâce à l'incompréhension des parents de la fille, clairement dépassés par les évènements et par l'implication de leurs trois enfants, dans le devenir d'une nouvelle Italie. Formidable, Jasmine Trinca, révélée par « La chambre du fils » et « Nos meilleures années » (et primée à Venise comme jeune révélation) fait d'ailleurs preuve d'autant de candeur que de dynamisme. Elle est la fille, bien sous tous rapports, qui se laisse séduire par Riccardo Scamarcio, bellâtre vénéneux, en flic infiltré, aussi séduisant que sombre. Reste que le film semble porter un discours sous-jacent plus actuel, stigmatisant l'inclinaison des communautés à s'entredéchirer, et l'incapacité d'un peuple à devenir adulte et celle d'un pays à penser la réponse sociale autrement que dans la violence.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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