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PRIMAIRE

Un film de Hélène Angel

Scénario primaire, cinéma secondaire

Professeur dans une école primaire, Florence est entièrement vouée à son travail et à ses élèves, quitte à délaisser sa vie de famille et son fils. Le jour où un enfant en difficulté arrive dans sa classe, elle tente l’impossible pour l’aider. Mais ce choix va aussi la pousser à s’interroger sur sa vocation…

Encore un film sur l’éducation ? Décidément… Cela dit, retrouver l’atypique Hélène Angel aux commandes suffisait à intriguer – ceux qui ont vu "Peau d’homme, cœur de bête" ou le très bizarre "Rencontre avec le dragon", suivez mon regard… La première chose qui frappe est de constater à quel point la réalisatrice a souhaité tout englober dans son scénario : les rapports entre profs et élèves, le métier d’enseignant lu comme un sacerdoce, les réunions et tout ce qui s’ensuit. Un scénario qui, aussi bien structuré soit-il, pêche vite par excès de didactisme au lieu de se focaliser sur sa protagoniste (incarné par une Sara Forestier toujours aussi vibrante). On peut même dire qu’Angel arrive longtemps après la bataille : même s’ils abordaient la maternelle ou le lycée, Nicolas Philibert ("Être et avoir") et Laurent Cantet ("Entre les murs") avaient déjà tout dit sur la transmission du savoir et le pouvoir du langage, brassant tous les enjeux du contexte scolaire avec un vrai parti pris de mise en scène.

"Primaire" finit hélas par trouver sa meilleure définition dans son titre : non seulement les composantes que le film englobe sur le métier d’enseignant sont désormais connues de tous, mais surtout, la façon dont elles sont amenées par le récit sent l’écriture programmatique. Exemple : si la réalisatrice intègre un personnage de professeur stagiaire dans le récit, c’est surtout parce que sa présence justifie une scène de discussion à la cantine où quelqu’un vient lui expliquer en détail comment fonctionne l’organisation de l’école. Du coup, toutes les composantes du récit sont moins des outils que des fonctions. Quant au fait que le scénario se focalise en majeure partie sur la gestion d’un enfant difficile, on voit tout venir dès le début : l’enseignant qui s’improvise parent, les tensions entre élèves, les conseils de discipline, le sentiment d’échec chez les profs, etc… Face à tant d’enjeux qui ressemblent à des cases qui se cochent les unes après les autres, il y a peu de choses auxquelles se raccorder. D’un côté, la « relation amoureuse » entre l’institutrice et un père débordé (Vincent Elbaz) semble trop plaquée pour servir le propos, et d’un autre côté, l’épilogue proposé par Angel surprend énormément en reliant une double discussion intergénérationnelle avec une opération de calcul mental. Rien que pour cette scène qui illumine tout à coup le récit (un peu trop tard, il est vrai), le film mérite un petit coup d’œil.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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