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ENTRE LES MURS

Un film de Laurent Cantet

Fenêtre ouverte sur le monde de l’éducation

La vie d’une classe de quatrième observée pendant une année : un professeur face à 24 élèves dans une école difficile à Paris, qui eux doivent faire face à leurs angoisses de l’apprentissage, leurs difficultés, leurs histoires familiales parfois compliquées (immigration, parents ne parlant pas français), leurs désinvoltures… Entrez dans le microcosme d’une classe comme les autres, mais que les plus de 20 ans ne peuvent pas connaître…

En tant que film sur l’éducation et les classes difficiles, on peut se demander si « Entre les murs » est plus proche du très beau « Etre et avoir » ou bien de « Dangerous mind » (ou « Esprit rebelle » en français). Et bien, pour faire des raccourcis, on peut dire qu’il a l’élégance du film de Nicolas Philibert, avec la thématique du second film, américain. Mais cela semble réducteur car « Entre les murs » est un film sur une classe, sur laquelle son réalisateur et son acteur principal posent un regard bienveillant et presque attendrissant.

Dans la classe dans laquelle le spectateur est invité, on retrouve : Esméralda, l’élève insolente mais volontaire, Khoumba, l’élève qui a des difficultés mais qui tente de les couvrir par son silence, Wei, l’élève d’origine asiatique dont les parents ne parlent pas français, Souleymane, l’élève rebelle qui ne veut pas travailler mais pourtant pourrait réussir, etc. Le panel d’élève est vraiment large, et tous ont ce petit truc qui les rend aussi exaspérant qu’attachant.

On voit bien que l’enjeu pour l’enseignant est de prodiguer un apprentissage le plus complet possible dans des conditions plus ou moins compliquées. Parfois celui-ci passe par des jeux, ou exercices faisant appel à l’histoire de ses élèves, les impliquant ainsi dans leurs travails d’une autre manière que par les exercices grammaticaux basiques. Ici, on laisse la place au dialogue ; malgré le langage familier de ses élèves, le professeur nous prouve qu’il est possible d’adapter les exercices à son « public », et même d'arriver à en tirer le meilleur.

Au delà de l’enseignement, il nous est également montré qu’une classe est avant tout un microcosme, où élèves et professeurs vivent en communauté 5 jours par semaine. C’est aussi un endroit où des tensions peuvent se déclencher, des frustrations peuvent éclatées, aussi bien du côté des élèves que des professeurs. Le professeur est avant tout un homme, et l’erreur étant humaine, des dérapages peuvent arriver. Sans vouloir relancer le débat, le livre nous montre aussi les difficultés d’une profession parfois dénigrée.

Loin de critiquer le système éducatif, ou bien de montrer les difficultés d’une profession, « Entre les murs » a le mérite d’être un portrait réaliste d’une classe, car écrite à partir du livre de Francois Bégaudeau, acteur principal du film, mais aussi ancien professeur, maintenant chroniqueur. « Entre les murs », c’est le portrait sans censure de ce que peut être une classe en 2008 et c'est la palme d'or. C’est tout.

Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur

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