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PAPILIO BUDDHA

Un film de Jayan Cherian

Minorités en demande de reconnaissance

Dans une région de l'ouest de l'Inde, dans un village Dalit, Shankaran trouve à ses pieds un pan mort. Il l'enlace dans ses bras et s'endort auprès de lui. Aidant un Américain à chercher des papillons parmi les plus rares, il vit aussi avec lui une aventure, espérant que ce dernier l'emmènera aux USA pour vivre avec lui. Mais dans son village, la révolte gronde...

surprises de cette édition. Offrant une vision inédite d'une Inde déchirée, abordant à la fois un sujet politique, l'attribution de terres réclamée par certaines communautés (un droit constitutionnel selon le film), et des sujets de société tels l'orientation sexuelle ou le droit de la femme à travailler, cette œuvre est à la fois déroutante dans sa manière d'aborder des questions planétaires (le dialogue pas très naturel sur les conséquences de la mondialisation...), et très directe dans sa façon de dénoncer des injustices (le financement de la drogue par la vente de terre, les exactions perpétrées par la police...).

À partir d'une histoire de liaison entre un intouchable et un Américain venu chasser des papillons rares, le scénario explore des pistes inattendues, comme la spoliation des terres des indigènes ou le rôle de la religion et de partisans d'un parti politique se réclamant dans la lignée de Gandhi dans la répression des minorités. Alors qu'on s'attend au départ à une bluette exotique, le film réservant quelques passages contemplatifs dépaysants, donnant à voir des paysages spectaculaires, le scénario donne finalement à voir une situation complexe, où la réalité se confronte au rêve, l'amour et la possibilité d'exil à la torture, ou le travail de la femme à l'impunité du viol.

"Papilio Buddha" pêche certes par moments par la qualité d'interprétation de son casting, mais entre des scènes de violence non dissimulée, de jolies envolées oniriques, il brise l'imagine d'une Inde rurale seulement confrontée à des problèmes de pauvreté. Militant, le film aborde l'exclusion des minorités, et touche par le portrait qu'il offre de ce jeune plein d'espoir en son amant, brisé par une police locale plus que partiale. Entre lui et son ami, il y a l'argent et la différence de mode de vie, et seul l'amour peut rendre aveugle au point de ne pas voir que le risque d'abandon ou de renonciation existe. Une vraie découverte.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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