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PAPICHA

Un film de Mounia Meddour

La couture contre l’extrémisme

Nedja vit à la cité universitaire d’Alger. La nuit, elle passe le mur qui entoure la cité pour se rendre en secret dans la boite de nuit de la ville où elle vend les robes qu’elle crée. Alors que l’extrémisme monte autour d’elle, un évènement traumatique va lui faire prendre une décision : elle va organiser un défilé de mode…

Papicha film image

"Papicha" est le nom que l’on donne aux jeunes et jolies algéroises, les premières clientes de Nedja. Mais vite c’est elle que l’on appelle Papicha : la jeune fille libre, qui contrairement à ses amis ne rêve pas de partir d’Algérie, mais veut résister et changer le système de l’intérieur.

La mise scène de Mounia Meddour est très incarnée. Toujours proche des jeunes filles qu’elle filme, elle privilégie les plans moyens et les plans rapprochés pour prendre le pouls de ce groupe de jeunes filles éprises de liberté. Son écriture est également assez intelligente pour ne pas faire de ces quatre amies des types figés. Si certes elles incarnent chacune une idée, - Wassila est l’amoureuse un peu fleur bleue, Kahina est extravertie et aventureuse, et Samira est la plus réservée, la plus religieuse, mais elle est aussi celle qui surprend le plus quand elle se met à chanter - , elles sont également assez bien écrites pour être diverses, un peu contradictoires, vivantes.

Le film est très rythmé. Les scènes se glissent les unes dans les autres sans longueur, bien que de réels temps de pause existent pour faire vivre l’émotion, ou pour respecter le rythme du personnage. La structure du film, qui ne se sépare jamais du point de vue de sa protagoniste, fonctionne par paliers. Des paliers émotionnels par lesquels passe Nedja dans son combat, des succès et des échecs qui vont la conduire à cette idée folle de faire un défilé uniquement composé de haïks. Mais aussi des paliers visuels pour le spectateur, qui voit effectivement l’extrémisme progresser dans la ville, avec par exemple les affiches qui sont au début à l’extérieur de la fac, puis à l’intérieur, puis les invasions, les attaques. Cette invasion se fait également sentir dans des changements plus subtils et ancrés dans la réalité quotidienne : voir la glaçante scène du bus ou le changement brutal du magasin de tissu...

Pour finir, la justesse et la force de la performance des actrices vient aussi de leur travail sur le langage. Les filles parlent toutes les quatre le « françarabe », dialecte typique d’Alger. C’est ce genre de petits détails qui donnent au film toute sa cohérence et sa justesse, et qui en font une vraie œuvre, belle et militante.

Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur

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