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MUNCH

Le cri de l’incompréhension

La vie de l’artiste aux 30 000 œuvres sous forme de quatre portraits biographiques : l’adolescent amoureux, l’artiste critiqué, le génie interné et l’homme menacé tentant protéger son œuvre avant sa mort…

Après "Caravage" et Van Gogh ("La Passion Van Gogh"), c’est à Edvard Munch de reprendre le flambeau des vies d’artistes dans le panorama cinématographique de ces dernières années. Nouvelle adaptation sur grand écran de son histoire, après "Edvard Munch (la danse de la vie)" de Peter Watkins, sorti en 2005, ce film éponyme ne tient malheureusement pas sa promesse de départ : présenter la vie du peintre. S’il résume ses grands tourments en filigrane (la mort, les femmes, les critiques…), il déstabilise les attentes du spectateur en termes de biopic et s’éloigne du réalisme que l’on aurait pu souhaité. Comme si l’absence de chronologie ne suffisait pas à perdre son public, ce film est divisé en quatre temporalités : un Munch adolescent, un autre interné, un en quête de reconnaissance et un dernier vieillissant. Si ce type de découpage quadripartite est un classique du genre ("The Fabelmans", "Simone, le voyage du siècle", "Dalida"…), les effets de style singuliers utilisés pour chaque partie (noir et blanc pour l’une, projection de Munch au XXIe siècle pour une autre…) ne font que brouiller les pistes pour une bonne compréhension. Ainsi, les temps se mélangent et se succèdent, sans jamais permettre de cartographier la vie de Munch clairement.

Plus spécifiquement, les scènes où Munch vit à l’époque contemporaine restent le grand mystère du film, surtout par leurs positionnements. On ne comprend pas si elles se passent avant ou après son internement, ni comment il peut mourir à la Seconde Guerre mondiale alors qu’il vit au XXIe siècle… ? On finit même par se demander « qui est ce personnage qui se prend pour Munch ? », plutôt que croire que c’est vraiment lui. Cet anachronisme achève d’égarer le spectateur, car il est impossible de savoir ce qu’il représente, malgré l’intérêt des propos qu’il soutient. Décrit-il vraiment le Munch trentenaire (malgré l’anachronisme) ou est-il le prétexte à une réflexion critique plus globale sur l’art de notre époque ?

Faisant de Munch un artiste de toutes les époques sans qu’il n’en soit d’aucunes, ce film ne peut prétendre être un biopic sur le peintre à proprement parler : il est une très belle réflexion sur l’art mais n’offre pas une compréhension claire de la vie de Munch. Malgré des points positifs (photographie magnifique, bon jeu d’acteurs, conception originale, réflexions poussées sur l’art…), l’envie de faire un biopic différent prend dans ce film le pas sur l’histoire, la rendant maladroite et incompréhensible. "Munch" n’est alors qu’un film d’auteur opaque pour le spectateur qui, après 1h45, sera incapable de restituer quoi que ce soit de sa biographie.

Adam GrassotEnvoyer un message au rédacteur

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