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LE MONDE EST À TOI

Un film de Romain Gavras

Une comédie inattendue

François est un petit dealer qui souhaite arrêter et se faire une place au soleil, en devenant distributeur officiel de Mr Freeze au Maghreb. Mais lorsqu'il apprend que sa mère Dany a dépensé toutes ses économies, il est obligé d'accepter un dernier coup, en Espagne...

Voici donc que débarque sur les écrans, l’une des comédies françaises réussies qui fit les beaux jours de la 50e édition de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en mai dernier. Jouant sur les codes du film de gangsters, Romain Gavras a concocté, avec l’aide de ses deux complices, Karim Boukercha et Noé Debré, une histoire aussi improbable que drôle, mêlant milieux, et alignant les interprètes que l’on attend pas forcément. Adjani devient ainsi une mère dépensière, à la tête d’un gang de voleuses à la tire maghrébines, Philippe Katerine un avocat d’affaire aux aspects plutôt amateurs, et Vincent Cassel un ex-beau père des plus perturbés.

Au cœur de l’intrigue il y a Karim Leklou, la révélation de "Coup de chaud", qui joue à la fois des clichés des mecs de banlieue, et fait figure de gentil garçon dépassé par les événement et facilement influençable. Le cocktail d’action et d’humour déjanté fonctionne d’autant mieux que Romain Gavras adopte une approche très graphique des lieux (Torremolinos pour le « coup »…) et n’hésite devant aucun mariage musical entraînant (Toto avec « Africa », Voulzy et son « Humeur grenadine ». Et les situations les plus insolites succèdent aux parodies désopilantes (la bande annonce pour le business de Mister Freeze, le clip de prévention sur le contre-terrorisme, la danse du « gros ventre »…).

Grâce à ses personnages multiples, de la belle inaccessible mais terriblement calculatrice (Oulaya Amamra, découverte dans "Divines", parfaite) aux gangsters obsédés par les figures triangulaires, "Le monde est à toi" maintient un rythme d’enfer, réservant des surprises à presque chaque instant. Pour son troisième long métrage, après "A Cross The Universe" et "Notre jour viendra", Romain Gavras signe ici une des comédies inattendues de cette année 2018, venant redonner un coup de fouet et d’inventivité à la création française, depuis quelques temps en berne.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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