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MISS MARX

Un portrait intéressant mais confus

Eleanor Marx est la plus jeune fille de Karl Marx et une fervente défenseure et activiste des droits des travailleurs et des femmes…

Miss Marx film

Repartie avec le prix Orizzonti du meilleur film en 2017 pour "Nico 1988", Susanna Nicchiarelli revient avec son nouveau film, tourné en langue anglaise : "Miss Marx". Le film s’attarde sur la figure d’Eleanor Marx, fille cadette du célèbre Karl Marx, sur ses combats pour l’abolition du travail des enfants, pour les droits des travailleurs, et sur son activisme féministe, ainsi que sur sa vie privée et sa relation avec le docteur Aveling.

L’intérêt du film de Susanna Nicchiarelli est donc avant tout de faire redécouvrir le personnage de Miss Marx et son œuvre, souvent peu connu et oublié face au travail et dans l’ombre de son père. Le film démarre d’ailleurs à l’enterrement de ce dernier, comme si la mort de son père lui permettait enfin de commencer sa propre vie, son propre travail, son propre récit.

Malheureusement, si ce biopic est assez intéressant par moments, sa structure est bien confuse malgré une narration finalement linéaire et chronologique, et le tout manque terriblement d’un fil conducteur. On enchaîne ainsi les différentes séquences sans réel lien entre elles, passant des enjeux personnels aux enjeux plus globaux et politiques. Le film aurait peut-être mérité un meilleur recentrage sur certains point précis aux dépens d’autres, plus accessoires est moins utiles, comme par exemple la révélation du beau-frère, moment tourné avec une grande dramatisation, mais qui finalement n’aura que très peu de conséquences sur le reste de l’histoire. C’est d’autant plus dommage qu’une partie de sa vie et de ses combats est finalement passée à la trappe.

On retrouve un peu ce problème-là avec les différentes séquences de discours politiques face caméra, adressés directement au spectateur, filmés de manière certes intéressante, mais bien trop nombreuses, avec un discours pas toujours très clair, et qui arrivent à l’écran de manière pas toujours très logique. On a d’ailleurs en fait du mal à comprendre pourquoi cette scène-là est disposée à ce moment-là et qu’est-ce qui, dans la narration, déclenche ces séquences atypiques brisant le quatrième mur.

Cependant, si l’on laisse de côté l’aspect particulier de la narration, la mise en scène de Susanna Nicchiarelli reste de bonne facture et émaillée de quelques bonnes idées. On retiendra surtout l’utilisation peu subtile, mais pertinente, de la musique. En effet, en dehors des compositions originales, le film regorge de musiques additionnelles issues de la culture pop et rock (un travail rappelant par exemple celui de Sofia Coppola sur "Marie-Antoinette"), ce qui accentue ce côté avant-gardiste et déphasé avec son temps du personnage d’Eleanor Marx.

Enfin, soulignons que le jeu d’acteurs est vraiment bon, tous s’avérant parfaitement convaincants, notamment Romola Garai qui interprète le rôle-titre. Au final, si ce biopic sur une femme forte et combative dans un milieu très masculin du XIXe siècle possède des points intéressants, "Miss Marx" nous laisse sur notre faim, la faute à un récit bien confus, partant dans beaucoup trop de directions.

Ray LamajEnvoyer un message au rédacteur

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