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MEDIANERAS

Un film de Gustavo Taretto

Le hasard fait-il bien les choses ?

Lui est connecté en permanence à son ordinateur et fait des photos pour soigner sa phobie du dehors. Elle, est une architecte qui n'a jamais construit, et s'occupe d'ordonner des vitrines. Tous deux vivent à Buenos Aires...

Débutant à la manière d'un documentaire sur la ville de Buenos Aires, "Medianeras" nous livre dans une première partie doté d'une voix-off omniprésente, les théories de son auteur sur la responsabilité des architectes et des constructeurs dans le développement des dépressions des citadins, et dresse un parallèle entre les vies des gens et la croissance de la cité, faisant le constat d'une absence de planification. C'est ainsi du hasard de l'existence, que Gustavo Taretto va nous parler, au travers d'un récit savamment orchestré, dans lequel ses deux personnages principaux ne vont cesser de se croiser. Rapidement, il cède d'ailleurs la place à leurs deux voix intimes.

Le principe des deux futurs amoureux, certainement voués à se rencontrer (ou en tous cas il s'agit là du désir du spectateur), n'est certes pas nouveau (voir l'excellent « Et plus si affinités », Grand prix à Deauville), mais cela fonctionne toujours, surtout quand l'interprétation est à la hauteur. Les deux portraits, de l'agoraphobe qui cherche à s'améliorer, et de la vieille fille qui cherche à communiquer, mis en parallèle, sont assez touchants. Pilar Lopez de ayala (« Comme les autres », « Capitaine Alatriste ») redouble d'un charme discret, quant à Javier Drolas il en fera fondre plus d'une. Leurs errances dans une ville qui redevient peu à peu humaine, sont un vrai délice à suivre.

L'auteur, lui, mêle habilement cynisme et poésie, pour nous amener vers la rencontre tant attendue. Il utilise de belles paraboles pour mieux servir son propos et pour vanter les mérites du contact humain. Son héros masculin compare les rencontres par internet avec des pubs Mc Do : on est souvent déçu entre la photo et le produit qu'on a dans les mains dans la réalité. Elle le cherche dans une foule bigarrée, habillé comme le héros de ces livres où l'on doit chercher un personnage dans des foules. La solitude est là, mais teintée d'espoir. L'espoir d'une rencontre. Le titre même du film fait allusion à ces barrières que crée la ville moderne et la société capitaliste, toute tournée vers productivité et consommation. Les « medianeras » sont ces façades nues, sans ouvertures, qu'offrent certains immeubles, en attendant qu'une autre construction ne vienne s'y accoler.

Une œuvre optimiste comme « Medianeras » ne se rencontre pas souvent, on aurait donc tort de s'en priver, histoire de retrouver du baume au cœur, à l'image de la chanson qui revient régulièrement dans le film: "Ain't not mountain high enough".

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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