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MARYLAND

Un film de Alice Winocour

Un naufrage abyssal aux interprètes en roue libre

Un soldat de retour au pays, victime de fortes migraines et d'hallucinations, se fait embaucher temporairement comme agent de sécurité. Après avoir rendu service lors d'une soirée, il se retrouve chargé d'assurer la sécurité et d'aider au quotidien la femme d’un riche homme d'affaires, qui vit avec ses enfants dans une immense propriété dénommée Maryland...

Alice Winocour avait réalisé un premier film au succès d'estime incontestable, "Augustine" avec Vincent Lindon et Soko, présenté en séance spéciale à la Semaine de la critique en 2012. Accueillie de nouveau au Festival de Cannes en mai dernier, côté Un certain regard, elle avait suscité la curiosité de par son sujet et son casting. Il faut dire que le duo Matthias Schoenaerts / Diane Kruger promettait à la fois charme et mordant.

Au final, c’est à un véritable naufrage que nous avons pu assister, tant au niveau du scénario − tout juste pathétique − que des effets sonores − souvent ratés et fortement appuyés histoire de bien souligner le traumatisme du guerrier − en passant par le jeu des acteurs − Diane Kruger n'étant pas crédible une seconde et Matthias Schoenaerts tentant de surnager dans cet imbroglio politico-financier improbable. Bien que certains se diront que toute cette histoire se passe dans la tête de ce soldat débarqué, les indices en ce sens semblent bien maigres, voire inexistants, hormis un plan de fin sirupeux au possible.

Alors pourquoi ce « Bodyguard » du pauvre (il ne manquerait plus que Diane Kruger chante...) fait-il flop de bout en bout ? D'abord parce que nombre de situations frisent tout juste le grotesque. C'est le cas par exemple du premier contrôle de l'agent au portail ou de l'attaque à mains nues des kidnappeurs alors qu'ils sont armés jusqu'aux dents (c'est tellement plus fun visuellement !). Et que dire de l'absurde concours de circonstances qui fait que la maîtresse de maison et les domestiques utilisent la même cuisine ? Que dire enfin des sautes d'humeur du héros quand il conduit, d'abord totalement stressé puis sifflotant joyeusement... ? Autres explications à ce désastre : les semblants de dialogues sont affligeants (les bribes captées de discours mafieux, le coup de fil en pleine nuit...) et les effets des styles (ralentis clipesques dans le parc lorsqu'on croise de belles tenues, ou dans les couloirs de la caserne) portent au maniérisme.

Enfin, éléments hautement importants censés signifier les perturbations mentales de l'ancien soldat, les effets sonores frôlent le pathétique. Qu'il s'agisse du battement de cœur exacerbé qui se mêle à la sono lors de l'inspection de la villa (une idée plutôt bonne au départ), des interférences dans l'oreillette, de la musique stridente au retour de la plage, et j'en passe. Dire que l'on ressort de la projection avec la sale sensation d'avoir été pris pour un C* avec une majuscule est un doux euphémisme.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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