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MAGDALA

Un film de Damien Manivel

La Passion du Calvaire

Retirée hors du monde depuis la mort de Jésus, Marie-Madeleine est devenue ermite au point de se transformer physiquement et spirituellement. Dans une nature tour à tour apaisante et éprouvante, elle tente de retrouver la trace de son amour perdu…

Magdala film movie

On ne prendra pas de gants concernant le nouveau long-métrage de Damien Manivel. D’abord parce que l’auteur de ces lignes, toujours des plus partants pour épouser les contours d’une pure expérience sensorielle sur grand écran (avec ce que cela suppose d’épure narrative ou thématique), aura fini avec le temps par cibler les limites d’une telle démarche. Ensuite parce que ce jeune réalisateur, à qui l’on devait déjà de très belles immersions sensitives en milieu naturel ("Le Parc" et "Takara" l’avaient bien démontré), s’est cette fois-ci risqué à un degré d’épure trop prononcé, où l’on se déleste de trop de choses dès le début pour ne plus trop savoir comment se débattre avec ce qu’il reste. Filmer l’errance d’un personnage coupé du monde, d’accord. Se focaliser sur le rapport quasi fusionnel du corps à la nature, on est preneur. Mais pas là. Pas avec cette autarcie cinématographique qui, à force de couper l’herbe sous le pied de son spectateur, finit par lui couper l’oxygène nécessaire à son cerveau et par le faire chuter fissa dans les bras de Morphée.

Il est déjà très heureux que le résultat n’excède même pas les 80 minutes – celles-ci ont déjà l’air de faire le triple. Il l’est en revanche moins que la supposée pureté d’un geste de cinéaste se confonde à ce point-là avec la vanité de celui qui prétend capturer quelque chose en se contentant de filmer du néant. Aimer le cinéma mystique et sensoriel rencontre ici un blocage clair et net, le dépouillement auquel se prête Manivel dans sa relecture de l’errance post-crucifixion de Marie-Madeleine pesant presque aussi lourd que celles, antérieures et déjà pénibles à endurer, de Don Quichotte et des Rois Mages par Albert Serra. C’est l’ennui et le néant qui guident ici chaque strate du film, avec ce paradoxe fou qui rend le premier infiniment plus vertigineux (ce n’est pas un compliment) que le second. Pour la contemplation et la méditation, on repassera. Et pour l’engagement total que le film explore en plus de le réclamer à son audience, il reste lettre morte.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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