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LES LUNDIS AU SOLEIL

Portrait de groupe désenchanté

D'ancien Dockers espagnols se retrouvent chaque jour dans un café, ouvert par l'un d'entre eux, pour évoquer leurs entretiens d'embauche, le démantèlement des chantiers, leurs déboires conjugaux, les difficultés et les espoirs de leurs vies…

Si l'on devait rapprocher le film de Fernando Leon de Aranoa de ceux d'un autre metteur en scène, ce serait de ceux de Ken Loach. D'abord parce qu'il traite, comme lui, de sujets socialement forts, le démantèlement d'une entreprise, le chômage et l'errance désabusée qui s'installe, puis parce que, malgré quelques touches optimistes et pleines d'un humour humain, il va droit au drame, de façon implacable, pour mieux dénoncer mais aussi relativiser les choses.

On suit avec compassion, puis complicité, les aventures pathétiques de nos trois hommes mûrs. L'un tente de retrouver un travail. Feignant un âge inférieur au sien lors des passages d'entretiens, il va jusqu'à se teindre les cheveux. L'autre, cherche à avoir un emprunt et gère mal ses accès d'humeur, notamment au sein de son couple. Le dernier, plus rebelle et cynique, tente d'échapper à une condamnation des plus ridicules, qui veut qu'il rembourse un lampadaire abîmé lors des affrontements entre dockers et police. Chacun a sa logique, ou plutôt sa dérive propre, et seul un événement digne de ce nom, pourra leur faire prendre conscience de l'importance de ce qui leur reste.

Un film rude, aux accents profondément humains, qui remet en perspectives certaines valeurs et insuffle un grand vent d'espoir. Grand vainqueur des Goyas, devant le film de Almodovar, il n'a cependant pas été nominé pour l'oscar du meilleur film étranger, alors que Parle avec elle a raflé deux nominations (réalisateur et scénario).

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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