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LOCKE

Un film de
Avec

La plus dure tâche au monde : essayer d'être un homme bien

Assumé en fin de Festival de Venise 2013 comme l'un des regrets du sélectionneur, qui admettait que le film aurait certainement mérité de figurer en compétition, "Locke", du nom du personnage principal du film, fut l'un des grands chocs de cette Mostra del cinema 2013. Produit par Joe Wright, le second long-métrage de l’Anglais Steven Knight faisait déjà figure d'expérience cinématographique avant de devenir une véritable expérience émotionnelle, grâce principalement à des dialogues aussi simples que puissants, et à l'interprétation mémorable de Tom Hardy, seul à l'écran durant 85 minutes.

La prouesse est d'autant plus remarquable que le film se déroule en temps réel, la caméra ne quittant jamais de son objectif l'homme, sa voiture, ou cette autoroute qu'il a décidé d'emprunter. Avec une certaine souplesse, elle semble s'adapter à l'état de nervosité placide dans lequel tente de rester cet adulte, conducteur attentif conscient qu'il joue là plusieurs fondamentaux de sa vie : son couple, sa relation avec son fils, son travail... et surtout pour lui-même, son amour propre, et sa capacité à se regarder en face. Car c'est autour des possibles conséquences d'une décision, celle d'aider celle avec qui il a couché un soir sept mois auparavant, à accoucher, que se joue tout le suspense d'un film et son enjeu moral.

À travers les coups de téléphones passés par le personnage, le scénario de Steven Knight nous emporte avec son personnage central, dans les recoins de sa conscience, et de sa tentative d'être un homme bien, responsable, malgré les incompréhensions que génère son comportement. Car tout le monde compte sur cet homme respecté, des siens à la maison à sa maîtresse à l'hôpital, en passant par ses patrons ou son adjoint au bureau, qui craignent pour une phase cruciale du chantier prévue tôt le lendemain matin. Tenant le spectateur en haleine et nous émouvant aux larmes, au travers de dialogues finement calibrés, "Locke" tente de préserver un équilibre et de ne blesser personne, alors qu'au bout du fil, chacun joue tour à tour ses va-tout, usant des pires chantages pour parvenir à ses fins.

Humain jusque dans la moindre ligne de texte, le film restera comme l'un des films majeurs de 2014, dressant le portrait d'un homme bien, comme tous espérons qu'il en existe encore, qui cherche à agir avec responsabilité et bienveillance. Face aux cas de conscience que posent l'intelligent scénario, le personnage développe le désir de ne plus mentir, la volonté de ne pas se comporter comme le fit son père, et le besoin de remettre le respect au centre de toute relation. Un discours plaisant, qui permet à l'excellent Tom Hardy d'émouvoir aux larmes par sa tentative de droiture. Un film aussi magnifique que bénéfique.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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