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LO SPAZIO BIANCO

Interminable attente

Une femme libérée, indépendante, qui a peur de retomber amoureuse et de souffrir à nouveau, voit une magistrate s'installer dans l'appartement d'en face. Quelques jours après, elle croise un homme au cinéma, avec un bébé. Six mois plus tard, elle attend un enfant, qui naît prématuré. Commence alors une longue attente, faite de beaucoup d'inquiétude...

S'il est le portrait d'une femme, "Lo spazio blanco" est surtout une parenthèse dans une vie, du fait de la naissance d'un bébé prématuré de 6 mois. Source d'inquiétudes, de tensions, ce drame potentiel, épée de Damoclès suspendue au dessus de la tête de celle qui ne sait plus du tout si être mère est une bénédiction, rythme le nouveau film de Francesca Comencini ("J'aime travailler", "A casa nostra"). Ces espaces blancs ce sont aussi les volumes de cette maternité, hôpital dont la clarté éblouit et dont le calme apparent s'avère effrayant, qui sert de décors aux trois quarts du films.

Car le principe narratif adopté par la réalisatrice est simple: nous plonger dans le quotidien incertain d'une femme qui espère que son enfant ira bien, tout en comptant par flash-backs, bribes de souvenirs, l'histoire finalement peu importante, qui aura mené à l'enfant: chaleur de l'homme, danse dans le noir, marche dans une foule... Le quotidien est pesant, mais Comencini arrive par moments à le sublimer, s'élevant au sens propre comme au figuré, lors par exemple de la scène de ballet des couveuses, correspondant à la thérapie par la musique.

On suit donc les souffrances d'un groupe de mères, dont les motifs diffèrent, et au milieu duquel Margherita Buy compose une héroïne du quotidien naturellement gagnée par la fatigue. On en ressort bouleversé, pris au corps par une réflexion sincère sur les choix des femmes célibataires (l'héroïne vit à Naples, sur le même palier qu'une juge d'instruction qui n'a nullement le temps d'avoir une vie de famille), et satisfait des quelques rares pics politiques (en Italie, les mères célibataire qui déclarent un enfant, le voient libellé "illégitime" par la loi...).

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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