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JACQUOU LE CROQUANT

Un film de Laurent Boutonnat

Esthétique mais rigide

1815. Alors que l’empereur vient d’abdiquer, les nobles et reprennent le pouvoir. Enfant, le jeune Jacquou voit son père abattre l’un des hommes du châtelain du coin, le Comte de Nansac. Celui-ci est obligé de fuir dans les bois pour avoir défendu sa famille. Jacquou reste auprès de sa mère…

« Jacquou le croquant » est le deuxième film de Laurent Boutonnat (« Giorgino »), réalisateur de nombreux clips pour Mylène Farmer, dont il a aussi souvent écrit les musiques. On retrouve sa patte, faite d’une esthétique soignée, donnant de magnifiques plans sur la campagne et de sublimes scènes nocturnes enneigées, et d’un goût pour la misère affichée, et une certaine rébellion dans la violence. Toujours aussi efficace dans les scènes de combat, sa mise en scène sied bien à cette histoire de trouble fête qui défiera une noblesse peu méritoire.

Malheureusement, à trop vouloir accompagner son sujet, Boutonnat donne régulièrement dans la démonstration appuyée. Ainsi, quelques dialogues paraissent superflus ou anachroniques, tout comme certaines scènes auraient mérité une absence de commentaires. Pas la peine de faire dire qu’un personnage « est mort », alors qu’on vient de le voir pousser son dernier soupir. Et le réalisateur n’est pas avare d’effets (quand la mère maudit le château par exemple) qu’on ne peut percevoir que comme des excès. Cela ne rajoute rien à une intrigue qui a finalement été réduite au minimum, faisant apparaître Jacquou comme un peu trop droit une fois adulte.

Dans ce rôle, Gaspar Ulliel confirme qu’il a l’étoffe d’un grand, imposant charme et maturité. Son personnage, enfant, est lui interprété par Léo Legrand, qui malgré ses grands yeux clairs, ne convainc pas, par excès de moues hasardeuses. Reste Olivier Gourmet, parfait en malin homme d’église. On croirait ses dialogues bien plus affûtés que ceux des autres personnages. Chaque trait d’humour fait mouche, ce qu’on aurait aimé ressentir à d’autres moments du film. Du coup tout cela manque un peu de fantaisie, le sérieux de l’action l’emportant sur toute véritable fraîcheur.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

COMMENTAIRES

Bérangère

samedi 29 janvier - 11h37

Jacquou Le Croquant: ce film de Laurent Boutonnat reste pour moi, à chaque fois que je le projette devant mes élèves -après avoir étudié avec eux le roman d’Eugène Le Roy - , une source d'émotions Intacte et un éblouissement renouvelé pour la beauté des images, la qualité de la reconstitution historique et la subtilité, paradoxalement lyrique et intense, de la musique. Je ne comprends pas qu’une telle oeuvre cinématographique puisse être jugée fade et médiocre par une certaine critique. Ma seule réserve concerne un petit nombre de termes anachroniques utilisés dans les dialogues... mais qui ont le mérite d’apporter une touche de légèreté et de réjouir mes jeunes spectateurs... Le décès tragique et prématuré de Gaspard Ulliel, émouvant et prodigieux acteur, sera, j’ose l’espérer, l’occasion de redonner à ce film la reconnaissance qu’il mérite.

J’ose espérer que le départ tragique de Gaspard Ulliel - acteur si subtil dans tous ses rôles - permettra au film « Jacquou le Croquant », d'acquérir enfin la reconnaissance qu’il mérite. Poétique, lyrique, ce film nous immerge dans la réalité historique d’une époque. Seules quelques libertés de langage très ponctuelles dans les dialogues sont un peu déconcertantes mais elles donnent à cette histoire de misère et de révolte quelques notes de légèreté ... À chaque fois que je projette ce film pour mes élèves - après l’étude du roman - dans le but de produire une comparaison et un avis argumentés entre l’oeuvre initiale et son adaptation cinématographique, mon émotion personnelle reste intacte et mon éblouissement renouvelé.

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