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IT'S A FREE WORLD

Un film de Ken Loach

L'ambigüité de l'entrepreneuse

Une jeune femme, lassée des boulots précaires dans la GRH, décide d'exploiter son carnet d'adresse et de monter sa propre agence de recrutement, basée sur la venue de travailleurs immigrés légaux. Mais le contexte et l'envie d'aller vite la fait flirter elle et son employée, avec les limites de la légalité...

Un an et demi après sa palme d'or à Cannes pour « Le vent se lève », Ken Loach nous revient avec un film dans la veine sociale qui a fait sa renommée. S'attaquant cette fois-ci au recrutement de travailleur immigrés par des agences souvent peu scrupuleuses, il dresse le portrait d'une jeune femme désireuse d'en finir elle même avec les boulots précaires. Se plaçant pour une fois du côté des entrepreneurs (Stephen Frears l'avait fait avec le désopilant « The van »), il creuse son sillon de l'injustice, pointant un système dans lequel quasiment tous les maillons de la chaîne sont voués à la duperie, et dans lequel l'envie de réussir « vite » n'est pas sans risques ni concessions à la morale.

Au passage, « It's a free world » réussit une nouvelle fois quelques scènes choc, et dresse un portrait assez bouleversant des immigrants et de leurs conditions de vie, ce jusqu'à l'écoeurement. Entre les locations de chambres pour 4 personnes à 50 Livres Sterling la semaine et les campements de caravanes, toutes les ficelles d'une exploitation organisée sont passées en revue. Mais c'est surtout l'évolution des agissements du personnage principal (interprété avec ferveur par Kierston Wareing) qui troublent le plus. De l'entrepreneuse droite à la cynique et peu scrupuleuse femme d'affaire, elle tente de se racheter en vain en conciliant ses décisions et ses traitrises. Un portrait bien plus ambigu que celui d'un certain Joe et qui flirte du coup avec une certaine Rosetta.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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