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INTERROGATION

Un film de Vetri Maaran

Complaisant

Des immigrés d'une province voisine de Guntur vivent dans un parc tels des SDF. Tous parlent le télougou, mais très peu le tamoul. Pandi est l'un d'eux. Il travaille dans une épicerie de quartier. Un matin, il est arrêté par la police et découvre dans la fourgonnette, qui le conduit au poste, deux de ses amis. Les policiers cherchent par tous les moyens, y compris la torture, à leur arracher des aveux concernant un vol dans une villa, dont ils ne savent rien...

Un des gros défauts d'"Interrogation" est sans doute d'être trop démonstratif. Pourtant, le point de départ du film est un fait divers aux tenants et aboutissants qui pouvaient donner matière à un formidable thriller. Entre police corrompue, méthodes barbares d'interrogatoire, culture de la communication plus que de la justice, il ne manquait ici aucun ingrédient pour concocter un film palpitant, à la manière de "Court" grand gagnant 2014 de la section Orrizonti du Festival de Venise, où "Interrogation" était présenté l’année suivante.

Malheureusement, à trop vouloir montrer la souffrance physique, Vetri Maaran arrive rapidement à écœurer le spectateur. Il ne nous épargne, en effet, rien, entre les coups de battes en bois, les tortures aux chiffons imbibés d'eau, la suspension par les pieds (pour mieux frapper la voûte plantaire), ou la pendaison par les coudes. Son choix d’exposer frontalement cette violence peut certes se comprendre mais apparaît vite peu judicieux. D'autant plus que les rares scènes en hors champ sonnent faux, comme celle depuis l'intérieur de la cellule, où on aperçoit le jour entre les lattes de bois de la porte et on entend crier d'autres prisonniers.

La plupart des personnages, hormis un policier apparaissant sur le tard, montre une vision bien manichéenne des choses, impliquant de vilains et pervers agents de police et de gentils immigrés. Si l'approche des pressions subies par l'entourage n'est, elle, que suggérée, renforçant le sentiment de maladresse du film, il faut bien avouer que les tentatives d'influence extérieure (du patron ou d’un avocat...), visant à forcer l'aveu, provoquent l'effet ulcérant escompté. Au final, si le film s'avère assez inégal, il réserve tout de même quelques belles scènes de tension lors de sa conclusion.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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