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IN THE AIR

Un film de Jason Reitman

Une cruelle comédie sur la crise économique et l'humain

Un professionnel du licenciement parcourt les Etats Unis en long, en large, et en travers, pour effectuer sa sale besogne, pour le compte de lâches patrons qui sous-traitent cela à sa boîte. Passant sa vie dans les airs, il a fait des aéroports sa vraie maison et collectionne avec fierté les Miles. Mais un jour, son boss lui présente une jeune recrue, qui propose de transformer son travail, en utilisant internet et en sédentarisant tous les employés. Avant de décider, son boss lui demande de la former sur le terrain, à la réalité des confrontations avec les employés...

Ce qui frappe d'emblée dans "In the air", comme dans "Thank you for somking", premier film de Jason Reitman, c'est le cynisme affiché dont font preuve les firmes, au travers des gens en places, ceux qui ont un travail et une position confortable. Dans son premier film, Aaron Eckhart faisait preuve d'un mépris total pour la santé publique, raisonnant en maître du monde, jouant des statistiques de décès et de ses alliances avec d'autres cyniques, comme les marchands d'armes. Ici, Clooney distribue des mauvaises nouvelles de manière expéditive, accompagnées d'une plaquette de sensibilisation, en tentant de faire passer un licenciement pour une bonne chose, et éventuellement comme une opportunité de nouveau départ.

Le ton adopté par cette comédie est donc forcément doux amer. Le personnage principal est ici plus préoccupé par les points qu'il peut accumuler en volant, aussi superficiels que les textures des cartes de visite dans "American Psycho", que par les humains qu'il doit virer lors de chaque voyage, ou l'emprunte carbone qu'il laisse derrière lui. Sa rencontre avec une autre voyageuse, bien moins performante en miles, mais au charme dévastateur (la trop rare Vera Farmiga), permettra à Reitman de contrebalancer les aspects professionnels du film, de moins en moins amusants, par une histoire d'amour envoûtante, où l'on croit au couple en train de se former, à distance.

Au final, on comprend donc mieux ce qui a séduit les Américains dans ce film, alternant scènes de comédie, personnelle ou professionnelle, et flots de réactions individuelles à des licenciements fraîchement annoncés, et suggérant pour certains, au passage, les malheureuses conséquences à venir. Car finalement, sous son vernis de charme, "In the air" parle indirectement de la crise économique, fustigeant les différences de niveau de vie, les risques pris en contractant de manière permanente des emprunts, pour une maison, une voiture, les études des enfants... Egratignant le mode de vie à l'américaine, Jason Reitman s'attaque surtout aux fonctionnements de l'entreprise, et à ceux qui regardent de haut les autres, tenant par dessus tout à conserver certains avantages indécents. Tout cela pourrait bien faire de lui le grand gagnant des prochains Oscars.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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Bande annonce par Filmtrailer.com

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