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L'HOMME AUX POINGS DE FER

Un film de RZA

Fortement indigeste

Alors qu'il doit transporter une cargaison d'or, Lion d'or est assassiné par ses frères Lion d'argent et Lion de bronze. Mais le fils de Lion d'or a juré de se venger et part à leur recherche...

Les premières séquences de « L'Homme aux poings de fer », film présenté (et non pas produit) par Quentin Tarantino, posent question. Serait-on ici face à une nouvelle référence aux séries B ayant perduré dans années à l'affiche dans de rares cinémas américains (du système d'exploitation Grindhouse), mais déclenché progressivement un véritable culte ? En effet, Tarantino ayant déjà participé à un revival de ces productions, avec « Death proof » (double programme réunissant en français « Boulevard de la mort » et « Planet Terror »), cet hommage aux films de wuxiapian apparaît rapidement comme ultra référencé, convoquant aussi bien films de samouraïs que kung-fu, blaxploitation ou encore western, dans un mélange improbable auquel on veut croire tout de même. Mais l'hommage, dont le scénario est signé Eli Roth, s'avère vite poussif, le résultat étant esthétiquement, mais aussi sur le fond, aussi pauvre que les films dont il s'inspire.

On aurait pu d'ailleurs penser que le personnage principal était afro-américain du fait des quotas américains sur les minorités ethniques. Mais il s'agit en fait du réalisateur lui-même, rappeur dénommé RZA, à l'origine d'une partie de la formidable bande originale de « Kill Bill », et créateur de Wu Tang Clan. Et force est de constater que, malgré l'appui de Corey Yuen (« Le Transporteur » et « Dead or Alive ») sur les chorégraphies des combats, il est aussi piètre acteur que mauvais réalisateur. L'introduction est expédiée à la va-vite, donnant la sensation désagréable d'un « résumé de l'épisode précédent », présentant chacun des personnages et des clans en lice, et livrant au final un tableau assez compliqué sur le fond, et limite ridicule sur la forme (les charmants noms des héros légendaires, Lion d'or, d'argent, de bronze... et autres noms d'animaux).

On retrouve cependant avec plaisir, au cours du récit, quelques figures classiques de ce genre de films : le bordel comme lieu de refuge du forgeron (personnage dont on ignorera jusqu'aux deux tiers du film la nature de sa destinée), la destruction spectaculaire d'un restaurant (déjà vue aussi bien dans « Kill Bill » ou « Tigre et Dragons »), et quelques scènes qui raviront les fans d'arts martiaux ou de gore (et si les héros étaient assez puissants pour démembrer en direct leurs ennemis au cours d'un combat ?). La présence alibi de quelques grands noms ne sauve pas le film du désastre, avec Lucy Liu en tenancière manipulatrice, et surtout celle, incongrue, de Russell Crowe, en éventreur aux longs couteaux, adepte libidineux de ces jeunes demoiselles. On notera au passage que le nom de son personnage, Jack Knife, évocation de l'éventreur londonien, fait planer sur son personnage un doute qui est sans doute la meilleure idée de ce prétendu film.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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