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GLORY TO THE FILMMAKER !

Constat de panne

Les états d'âme d'un cinéaste, qui regarde sa carrière, les genres qu'il a peu ou aurait pu aborder, et se demande dans quelle direction il pourrait bien aller...

Takeshi Kitano, fameux metteur en scène de « Hana Bi », « Dolls » ou « Zatoïchi » a-t-il encore quelque chose à dire? C'est un peu ce que semble se poser lui-même le réalisateur japonais avec ce nouveau film, aussi égocentrique, irritant, que par moments, brillant. Se mettant en scène au travers d'un homme gonflable en train de passer des tests médicaux, il engage ensuite une sorte de reportage sur l'ensemble des genres cinématographiques qui ont fait son succès (les films de gangsters ou yakuza notamment) et ceux qu'il aurait pu aborder, sans espérer en tirer le moindre succès (films traditionnels en costumes, love story, films d'horreur, films de sabre...).

Les courts métrages distanciés qui en découlent, sont, il faut l'avouer, très drôles, et pour certains semblent éclairer la personnalité du réalisateur culte, notamment sur son enfance, les confiseries et les conneries de gamins. Malheureusement, le tout se perd en une histoire finale, aussi amusante qu'obscure, où se mêlent allègrement des yakuza sumo, des restaurateurs, et une mère et une fille roublardes, l'une bardée d'un maillot de Zidane, l'autre affublée d'un sac à main à tête de canard, qui parfois exprime ses pulsions! Au delà des pics lancés aux critiques et des interrogations sur le cinéma « qui plaît », on se demande tout de même ce que Kitano a bien voulu exprimer, hormis un gros doute.

Si son gangster renonce à tuer, le réalisateur renoncera-t-il à filmer? Si son personnage à la Ozu s'ennuie dans un bar dénommé « la retraite », le réalisateur se sent-il à ce point en cessation d'activité? Sa conclusion en forme de résultat d'un scanner montrant une caméra cassée, est en tout cas l'édifiant constat d'une panne d'inspiration assumée. Du coup, son film flirte par moments avec le grand n'importe quoi, mais apporte paradoxalement étrange jubilation. Un film inclassable.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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