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FIRST MAN

Un film de Damien Chazelle

Un portrait émouvant, à contre pied d'une peinture héroïque

De son entretien d’embauche à la NASA jusqu’à son premier pas sur la lune, le parcours de Neil Armstrong, entre vie privée meurtrie par de rudes épreuves, et une course à l’espace qui laissera quelques hommes sur le carreaux…

Après avoir fait l'ouverture du Festival de Venise il y a deux ans, avec "LA LA Land", dont on connaît le parcours fabuleux jusqu’aux Oscars, le jeune Damien Chazelle ("Whiplash") a réitéré l’expérience, en offrant la primauté de son biopic sur Neil Armstrong, astronaute qui fut le premier homme sur la lune, au public vénitien. Très attendu, "First Man", s’avérera moins porté sur le spectaculaire que sur l’intime, malgré une scène d’ouverture éprouvante.

C’est donc avec une rentrée dans l’atmosphère que s’ouvre le film. Un travail énorme sur le son, les vibrations, le cadrage malaisé d’un regard d’acier doublé d’un reflet du ciel. En quelques plans, armés de suspense, Chazelle remet l’homme à sa place, face à l’univers, mais aussi face à la machine. Et le scénario n’aura de cesse de rappeler à quel point celle-ci est souvent énorme, bruyante, incontrôlable, le jeu consistant à savoir qui aura la plus grosse entre URSS et USA, rappelant sans cesse la nécessité de sortir d’un certain amateurisme.

Ponctué de scènes qui mettent en avant le caractère éprouvant du métier d'astronaute (vibrations incessantes, perte de contrôle, malaises...), le récit met ingénieusement en parallèle les souffrances d'une femme laissée seule, en proie à une dévorante inquiétude. Prenant ainsi le contre pied de classiques biopics consacrés à des figures héroïques, le scénario, redoutablement émouvant, s’intéresse avant tout à l'impossible deuil d'un homme ayant perdu sa fille, incapable notamment d'aborder ce sujet avec autrui. Tout comme il est d’ailleurs incapable d’envisager une mort que sa femme discerne en ligne de mire.

Éprouvant par moments, bouleversant à d'autres, "First Man" fournit une nouvelle fois à Ryan Gosling un rôle tout en subtilité et révèle une Claire Foy ("Paranoïa") à la fois solide et entêtée. Un rôle qui devrait sans doute valoir à celle-ci une nomination aux Oscars, dans la catégorie second rôle féminin. Techniquement, le film est irréprochable, bénéficiant à la fois d’un impressionnant mixage son et d'une mise en scène qui privilégie l'aspect étriqué et étouffant des lieux. Tandis que sa musique, très belle, rappelle malheureusement un peu trop certaines sonorités de la BO de "LA LA Land" pour maintenir le spectateur dans un état de stress constant. On sortira néanmoins du film, ému et désireux d’en savoir plus sur l’homme qu’était Armstrong.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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