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LE DISCIPLE

Faux prophète

Un adolescent s'engueule avec sa mère pour avoir séché le cours de natation. Soudainement il lance une explication : les maillots de bains des filles sont loin d'être décents et cela « contrevient à sa religion ». Ce n'est alors pour lui que le début d'une contestation d'un système sur la base des écrits religieux...

"Le Disciple" est un film russe aux résonances politiques certaines, vis-à-vis d'une Europe de l'Est où les dirigeants portés au pouvoir font de la foi chrétienne une loi supérieure à celles de la république, et ne reculent devant rien pour revenir en arrière sur des années de progrès social ou de libertés. Un des dangers qui guette aussi la France, où malgré 60% d’athées vivant dans une république laïque, ce sont les valeurs religieuses liées au catholicisme et à l'islam qui monopolisent aujourd'hui la plupart des débats éthiques ou sociaux.

Dénonçant l'extrémisme comme le communautarisme religieux, le danger d'un abandon des libertés basiques, la lâcheté de ceux qui renoncent à résister, la culpabilité de parents incapables de fournir des repères crédibles, la facilité de la désinformation, le scénario sonne comme un avertissement pour les autres pays d'Europe. Il faut dire que les scènes choc, parfois un peu faciles, s'enchaînent, soutenues à la fois par des effets de mise en scène (tournoiements, caméra centrée sur un personnage secondaire) où le son revêt une importance particulière et par le mélange de charisme et de turpitude que semble dégager l'acteur principal, l'épatant Petr Skvortsov.

Après avoir joué avec nos nerfs, de provocations ouvertes (le déguisement en singe pour aborder la création...) en paraboles plus travaillées (les moqueries dans le dos...), d'injustices en affrontements stériles, "Le Disciple" enfonce le clou avec son message sur la « nécessité d'effrayer les gens pour qu'ils » vénèrent un leader, et avec un dénouement frontal qui pose clairement la question de la place de la religion à l'école. Un film en forme de claque, qui ne séduit cependant pas totalement, la faute sûrement à un point de vue résolument âpre, aussi radical que son sujet.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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