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DESPEDIDA

Une réussite formelle, pour un récit sombre et peu limpide

Ana, 11 ans, se réveille en sursaut suite à un cauchemar récurrent dans lequel une femme à capuche noire emmène un bébé en forêt et doit faire face à un chien agressif aux yeux vairons. Ayant elle-même des traces de morsure de chien sur sa main, elle assiste le dimanche de Carnaval, à l’enterrement de sa grand-mère, que beaucoup considéraient comme une « sorcière », capable notamment de parler aux animaux. Peu de temps après, elle aperçoit le fantôme de sa grand-mère, habillée de rouge, et malgré la peur, tente de la suivre en forêt…

Despedida film animation et prises de vues réelles animated feature movie

Parmi les films pour jeune public de cette fin d’année, le film brésilien "Despedida" apparaît comme une alternative, pleine d’imagination enfantine, mais aussi de cauchemars adolescents, doté à la fois d’une certaine poésie et d’un sujet grave : le deuil. Car en suivant sa grand-mère dans les bois, la jeune Ana (Anaís Grala Wegner) devra se confronter à ses propres peurs, mais aussi aux souvenirs de son enfance et à ceux de sa mère. Malheureusement, le fond de l’histoire s’avère très sombre et par moment bien peu limpide (mais c’est sans doute le propre des cauchemars), limitant la capacité du film à toucher un public d’enfants. Mieux vaut donc réserver ce conte au minimum aux adolescents, alors que pourtant l’imagerie convoquée ici (dînette, poupées, créatures de la forêt, chien errant qui parle...) pourrait stimuler l’imagination des plus petits.

Mais l’univers est sans doute trop sombre, malgré une réussite indéniable au niveau graphique, notamment grâce au travail sur les couleurs des images réelles, entre vert et gris, certains éléments comme le feu, ou la lumière d’une fenêtre ressortant… Et surtout le parallèle dressé, entre l’histoire familiale, et la chronologie et les traditions du Carnaval (la mère et sa fille se retrouvent coincées en voiture dans un défilé dès la première scène où on les découvre), s’avèrent particulièrement abscons. Ceci sans compter sur le symbole de la cécité de la mère (qui passe une bonne partie du film les yeux bandés – au passage autre signe de jeux enfantins...), qu’on peut voir à la fois comme un refus du deuil de la grand-mère et la coupure d’une adulte avec sa propre enfance.

Reste tout de même le mélange d’animation et d’images réelles, qui vient créer un monde à la fois féerique et inquiétant. Ainsi les cauchemars d’Ana sont-ils dotés d’un dessin traditionnel en 2D, alors que ses incartades convoquent à la fois des marionnettes (des esprits de papiers dont les yeux luisent dans la nuit), du stop motion avec des poupées, des créatures de lichen à taille humaine, et autres animaux... Le fantastique semble cependant n’avoir pas de limite et le spectateur perd progressivement le peu de repères dont il dispose dans ce monde, dont la jeune fille peut ressortir en comptant « 3, 2, 1 » lorsque sa peur prend le dessus. Cela donne certes des passages amusants, comme le dialogue entre enfants à coups de chants d’oiseaux, ou l’incursion dans des galeries souterraines (très "Alice au pays des merveilles"), mais le conte dans le conte (avec le général), les changements de forme des nuages, l’attitude des étranges cousins, la troupe de danseurs, ou les différentes couronnes (de cuillères ou de fourchettes…) finissent par alourdir considérablement un récit déjà bien peu clair. Le nouveau film des metteurs en scène de "Irmã" est donc à découvrir, avant tout pour le mélange des genres et sa sombre ambiance générale.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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