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LA COULEUR DU MENSONGE

Un film de Robert Benton

Voyage en cœur inconnu

Coleman Silk (Anthony Hopkins) est un éminent professeur de littérature. A quelques années de la retraite, ayant prononcé un mot malheureux, il se fait renvoyer pour racisme. Sous le choc, sa femme décède d'une crise cardiaque. Bien décidé à faire connaître la vérité, il demande à un jeune écrivain (Gary Sinise) de conter son histoire...

Ce qui frappe à la vision du nouveau film de Robert Benton, ce n'est pas le traitement des conventions sociales, assez faible et pourtant au cœur de cette histoire, mais plutôt l'absence de souffle et la neutralité avec laquelle les différents secrets des uns et des autres sont dévoilés. Le passé et les choix du personnage d'Anthony Hopkins nous sont révélés au travers des flash-back successifs et pesants, desquels n'émane aucune émotion tangible. Seules les quelques scènes avec Nicole Kidman, se livrant quant au destin funeste de ses enfants, arrivent à nous émouvoir un rien.

On aurait pu croire que le professeur avait réellement des velléités racistes, ou que sa jeune maîtresse eut pu être une mère parricide, ou une savante manipulatrice. Mais finalement, la mise en scène académique de Benton, sans aucune aspérités, sa direction d'acteurs passablement minimaliste, font qu'aucune des fausses pistes potentielles ne prend. Le spectateur n'est donc jamais surpris, et un doux ennui finit par le gagner. Il y avait pourtant matière avec le roman de Philip Roth à développer des personnages ambiguës, aux multiples facettes, qu'un suspens bien mené aurait permis de ne dévoiler intimement que lorsqu'ils atteignent les limites de leur propre morale. Un vrai gâchis.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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