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LA CHUTE DE LA MAISON-BLANCHE

Un film de Antoine Fuqua

Incohérent

Une tempête de neige fait rage à Camp David. Alors que le couple présidentiel s’apprête à sortir, leur fils est autorisé à monter dans la seconde voiture, avec le principal garde du corps, membre des services secrets. A la traversée d’un pont, couvert de verglas, la voiture de tête part en dérapage et le président est sauvé de justesse, avant que le véhicule ne plonge dans le lac gelé. Ayant perdu sa femme, le président a préféré écarter son garde du corps, relégué à un travail de bureau. Mais le jour où la Maison Blanche est attaquée par des terroristes vraisemblablement coréens, il réussit à s’infiltrer dans les lieux, tentant de venir en aide aux équipes assiégées…

On avait laissé Antoine Fuqua, réalisateur pourtant émérite de l'efficace « Training Day », sur des derniers films moins engageants tels « L'Élite de Brooklyn ». On espérait donc le retrouver en forme avec un film d'assaut, avec prise d'otages et enjeux politiques à la clé. Mais si l'homme ne démérite pas dans la mise en scène des séquences d’action, qu'il s'agisse de l'accident du début, dans un blizzard épais, ou de la longue prise de la Maison Blanche (près de 13 minutes), ou encorede l'assaut nocturne avec les hélicoptères, il subit les incohérences d'un scénario bâti autour d'un seul et improbable surhomme.

Il faut dire que, déjà bien chanceux d'avoir réussi à s'immiscer dans le hall de la Maison Blanche, armé de son petit revolver, au milieu d'assaillants qui dégomment tout alentour, l'homme réussit, avec son code, à se saisir d'un matériel dans son casier, à accéder au centre de contrôle et ordinateurs avec mots de passe, à passer des portes sécurisées grâce à ses empreintes, ou encore àouvrir un coffre dans le bureau ovale. Il faut dire que ne nous sommes qu'un an et demi après sa mutation à un autre poste, extérieur à la Maison Blanche. Personne n'aura donc eu l'idée, dans ces lieux ultra-sécurisés, de changer les codes, d'annuler ses accès ou même de vider son casier !

Malgré l'efficacité des nombreuses scènes de combat, on ne peut se concentrer sur l'action sans avoir envie de rire à chaque nouveau morceau de bravoure. Bien entendu, chaque fois qu'il croise un agresseur, le combat se termine aux mains, l'autre n'ayant bizarrement jamais le temps de tirer (ce qui ne manquerait pas d'attirer les autres en renfort...). Mais les capacités du héros sont multiples et achèvent de réduire à néant toute crédibilité. L'homme semble avoir une connaissance innée des systèmes informatiques et est même capable de comptabiliser près de 40 assaillants.

Tout spectateur sensé se demandera alors d'où sort ce chiffre, puisqu'une bonne partie des Coréens est arrivée avant lui, sans qu'il les voit, et se trouve dans le bunker avec le président. Quel homme ce Gerald Butler (« 300 ») ! Finalement seuls ses tics de combat – il a la sale manie d'achever ses victimes en leur plantant son couteau dans la tête – pourront dérider les plus réticents, sans pour autant les convaincre qu'il ne s'agit pas là d'un des pires scénarios de l'année. Je ne détaillerai pas plus la manière d'obtenir de la part des otages des informations secrètes, ainsi que les communications vidéo avec le QG de l'armée faisant définitivement sombrer le film dans un ridicule profond.

Ajoutons à cela l'interminable chute, au ralenti, du drapeau américain déchiqueté, le discours patriotique de la fin, et l'enjeu nucléaire que les personnages étaient certainement les seuls à n'avoir pas deviné dès la quinzième minute du film, et nous tenons certainement ici l'un des pires navets de l'année.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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