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LE CERCLE LITTÉRAIRE DE GUERNESEY

Un film de Mike Newell

Un mélo charmant, mais peu digeste

Sous l’occupation, pour cacher un repas clandestin à base de cochon grillé, des habitants de l’île britannique de Guernesey prétextèrent une réunion du « Cercle de littérature et de tourte aux épluchures de patates », afin de ne pas subir le courroux des Allemands. Quelques années plus tard, en 1946, Juliet Ashton, jeune romancière, après avoir échangé par hasard avec l’un des membres, se rend sur place, espérant faire leur connaissance et écrire un article sur eux. Mais sa visite ravive de douloureux souvenirs...

Le réalisateur britannique Mike Newell aura connu son apogée dans les années 90, avec "Avril enchanté", "An awfully big aventure", et surtout l’irrésistible "4 mariages et un enterrement". Ayant mis en scène dans les années 2000 quelques block-busters ("Harry Potter et la coupe de feu", "Prince of Persia"), le voici qui retrouve le chemin des adaptations littéraires, mais aussi des salles françaises. Et on voit bien ce qui a pu intéresser l’auteur, en portant à l’image le roman de Mary Ann Shaffer, terminé de manière posthume par Annie Barrows, et paru en 2008 aux États-Unis : un savant mélange d’enjeux personnels et intimes avec la grande Histoire, porteur à la fois d’un message sur le pouvoir des livres (amenés à changer nos existences) et d’un vent d’espoir.

Malheureusement, le résultat s’avère relativement indigeste, à l’image de la tourte du titre anglais, que l’on est obligée de servir avec du gin artisanal, histoire d’en faire passer l’épaisse pâte (il n’y a ni beurre, ni farine, ni œuf… juste des patates et leur peau). Ce n’est pas que l’on ne s’intéresse pas à ces êtres humains, hantés par la guerre, mais à la fois le secret autour de la disparue (trop rapidement traité après tant de réticences) et l’intrigue à l’eau de rose autour du triangle amoureux que forment la romancière, son fiancé américain et le jeune homme du cercle, paraissent bien superficiels au final.

Sans cesse, le mélodrame pointe son nez, faisant fi de toute légèreté, qu’il s’agisse des halètements soudains de l’héroïne alors qu’elle lit une lettre, ou de l’arrivée opportune du fiancé, tellement soudaine qu’on à du mal à croire à une telle concordance. Et ne parlons pas des symboles d’oppression de la femme, comme d’appartenance à son mari (celui-ci l’attache avec une énorme sangle à un siège d’avion militaire…). Au final, il reste tout de même quelques montées de larmes et une troupe d’interprètes impliqués, avec en tête la toujours formidable Penelope Wilton, découverte dans la série "Downton Abbey".

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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