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BOWLING SATURNE

Un film de Patricia Mazuy

Boule morte

À la mort de son père, Guillaume, inspecteur de police, hérite du bowling familial. Incapable de s’en occuper, il décide de le donner en gérance à son demi-frère répudié, Armand. Mais le comportement pulsionnel de ce dernier et son improbable gestion du bowling empêchent Guillaume de se consacrer pleinement à l’enquête sur une série de meurtres de jeunes femmes qui frappe la ville…

Bowling Saturne film movie

Il faut souvent se pincer pour admettre que c’est la réalisatrice française de "Saint-Cyr" qui est bel et bien aux commandes de "Bowling Saturne". Quand bien même l’intéressée a déjà démontré une certaine fascination pour le cinéma de genre (elle réalisa autrefois quelques épisodes de la série américaine "Le Voyageur", signa récemment le film à suspense "Paul Sanchez est revenu !" et se fit aussi remarquer par un éloge du film "La Bête de guerre" de Kevin Reynolds), ça fait d’autant plus bizarre que le résultat se raccorde davantage avec la brutalité sèche d’un certain cinéma policier belge (citons "Bullhead" de Michael Roskam en guise d’exemple). Pour autant, on ne voit que trop peu de raisons de sauter au plafond, ne serait-ce parce que la réalisatrice fait ici montre d’une gestion maladroite des codes de ce genre pas si facile à manier et encore moins à transcender. Le premier tiers du film faisait pourtant très bonne impression, riche d’un mystère narratif vis-à-vis des véritables enjeux entourant cette fratrie tourmentée et ce bowling en héritage. Du moins jusqu’à ce qu’une scène-pivot, si violente et glaçante qu’elle risque de remuer l’estomac des âmes sensibles, ne vienne signer à la fois la profession de foi de ce polar et le mur infranchissable qu’il va se prendre dans la tronche.

On ne spoilera rien sur ce qui se produit alors, mais on peut simplement dire qu’à partir de là, le récit a plus ou moins fait le tour de son véritable propos, à savoir l’animalité de l’individu social. Dès lors limité à suivre une enquête policière dont on a déjà grillé le fond et la matière, le spectateur se tourne alors les pouces devant un récit qui sonne toujours plus creux à chaque scène, dans lequel chaque tentative de Mazuy pour dynamiser son récit se solde par un plantage. Entre une love-story factice avec une activiste écolo et un conflit interne avec un groupe de chasseurs si caricaturaux qu’on se croirait chez Groland, tout fait ici pièce ajoutée sur une trame narrative dont même le climax final exhale un fort relent d’inachevé – ça tombe vite fait et ça s’achève d’un coup, sans crescendo réel ni coup de boule émotionnel. Les acteurs, eux, ne sont pas à blâmer vu que leur jeu égale presque celui d’une utilité, plus utile à faire avancer le récit coûte que coûte qu’à l’enrichir par des émotions et des caractères au contact. Que Patricia Mazuy aime à définir ce film comme un « thriller féroce sur fond politique » nous laisse à penser qu’elle parle d’un autre film, pour le coup très différent de celui que l’on a vu. Ni strike ni spare, en fin de compte. Juste une grosse sortie de piste.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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