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BONNARD, PIERRE ET MARTHE

Un film de Martin Provost

Du beau, du bon, du Bonnard !

1893, Paris. Après l’avoir abordée dans la rue, un artiste fait monter dans son appartement une femme pour la peindre… Lui c’est Pierre Bonnard, le futur membre du mouvement Nabi. Elle, c’est Marthe de Meligny, sa future muse. Cette rencontre inopinée va les unir à jamais…

Bonnard, Pierre et Marthe film movie

15 ans déjà que Martin Provost a triomphé avec "Séraphine", le film aux sept César ! La biographie torturée de cette domestique peintre autodidacte avait ému le public et consacré la comédienne Yolande Moreau. Aujourd’hui, le cinéaste des artistes féminines (il est aussi le réalisateur de "Violette" – Leduc de son nom – film consacré à l’écrivaine française) se penche sur l’histoire d’un homme, Pierre Bonnard, plasticien de la fin du XIXe et première moitié du XXe siècle. Mais il serait faux de croire qu’aucune femme ne se cache derrière cette peinture romanesque ! Martin Provost dresse également le portrait de Marthe de Meligny qui partagera sa vie, entre rires et larmes, amours et drames.

C’est donc à une grande fresque que nous convie Martin Provost pour son retour derrière la caméra après le flop malheureux de sa précédente comédie "La Bonne Épouse", avec Juliette Binoche, sortie le 11 mars 2020, six jours avant le premier confinement en France lié à la Covid-19… Le réalisateur tourne la page et revient avec des thèmes qui lui sont chers : la peinture et la vie d’artiste pour commencer, les films d’époque ensuite et les femmes bien sûr avec leur destin contrarié par des dogmes qu’elles subissent… "Bonnard, Pierre et Marthe" commence sur les chapeaux de roue. Le peintre déclare rapidement sa flamme à Marthe, devient vite fou d’elle et l’entraîne dans un tourbillon d’amour qui donnera autant le vertige à la muse qu’au spectateur, témoin de cette idylle naissante. Mais Pierre Bonnard a beau aimer Marthe de tout son cœur et la placer au centre de ses plus belles toiles, elle n’en reste pas moins derrière l’artiste, au second plan. Pire, Bonnard la peint souvent de dos ou le visage flou. Martin Provost pointera alors les paradoxes de ce couple aux sentiments contrariés.

Le long-métrage prend en effet le temps de creuser cette histoire d’amour entre le peintre et sa muse, en s’imprégnant parfaitement des époques et des lieux dans lesquels elle se situe. Par exemple, l’environnement de Bonnard à Paris, où il est entouré de ses amis nabis, comme Edouard Vuillard (joué par un timide et posé Grégoire Leprince-Ringuet), et de quelques femmes comme Misia sa mécène (interprétée par la toujours excellente Anouk Grinberg, qui réserve de beaux numéros de comédie). Provost montre bien comment ces deux femmes s’opposent. Quand Misia représente la Parisienne, proche des intellectuels et des artistes, Marthe incarne la fille de la campagne, préférant une vie simple loin du tumulte, pour protéger son couple, garder son mari proche d’elle et l’éloigner des autres femmes dont elle est maladivement jalouse ! Les Bonnard trouveront d’ailleurs un nid d’amour dans un coin de paradis : une maison perdue près de la Seine, entourée de nature à perte de vue : de quoi exacerber les libertés dont on jouit à l’époque ! On s’y déshabille volontiers pour se courir après et finir nu dans l’eau fraîche du fleuve. Martin Provost prend plaisir à montrer ces temps où les mœurs étaient plus libérées et décomplexées. Une autre femme symbolise aussi une autre forme de liberté : la jeune Renée, autre modèle de Bonnard et qui ne le laissera pas indifférent. Elle ira même prendre une place de plus en plus équivoque au sein du couple, jusqu’à ce que ce dernier devienne ménage à trois !

On suit donc avec plaisir cette longue et forte histoire d’amour traversée par une douce folie. La lumière qui baigne certaines scènes, notamment les extérieurs à la campagne, nous renvoie picturalement aux tableaux de la période impressionniste. Et quand Bonnard dessine Marthe au lit ou au bain, Martin Provost convoque à notre mémoire de multiples peintures issues de ce mouvement. Le film émerveillera les amoureux de l’art, surtout quand Claude Monnet posera à l’aquarelle un nymphéa sur une feuille de papier ! On oubliera donc les plans abusivement numériques de certains décors (Paris, Rome), en se demandant s’ils sont volontairement ratés pour valoriser le vrai travail du peintre au pinceau ?! Quant aux comédiens principaux, ils sont à l’image de l’énergie produite par le film. Vincent Macaigne est d’une douceur folle quand il ne vire pas à une pétulance impétueuse ; et Cécile de France embrasse pleinement la mesure de son rôle, le plus tourmenté, et trouve les gestes, les regards et les silences pour exprimer le combat de sa vie : préserver son couple et conserver celui qu’elle aime. Une vraie quête de bonheur chez les Bonnard.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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COMMENTAIRES

Acheron

mercredi 6 mars - 3h40

Je partage totalement cette analyse, une histoire d’amour inconditionnel entre deux êtres tourmentés, parfaitement interprétée et mise en scène. Un grand moment de cinéma. Merci

cannelle

mercredi 28 février - 8h36

film décevant sur tous les plans ; scénario inexistant avec des scènes insupportables et invraisemblebles comme le déjeuner au bord de l'eau et l'hystérie ambiante .une sonorisation épouvantable beaucoup de cris et de vulgarité .
A éviter

Coucou

mercredi 28 février - 8h35

Film et acteurs surprenants.
Photos des lieux magnifiques. Bonnard paraît être un homme fragile.
Beaucoup d’érotisme. Un peu trop d’hystérie.

Josephine

mercredi 28 février - 8h33

Je suis sortie avant la fin tellement c’était mal joué! Crier n’est pas garantie du bon jeu !

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