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BLOODY MILKSHAKE

Un film de Navot Papushado

Sorbet aux fraises

Enfant, Sam a vu sa mère Scarlett l’abandonner en raison de son travail de tueuse à gages. Devenue adulte, elle a suivi l’exemple de sa mère en devenant elle aussi une tueuse hors pair au service de la Firme. Le jour où son contrat consiste à abattre une fille de huit ans, Sam se rebelle face à la Firme. Traquée par tout le monde, elle trouve vite un soutien de poids en la personne de sa mère et de ses anciennes associées…

Bloody Milkshake film movie

Pourquoi diable n’a-t-il pas lâché les chiens ? C’est ce qu’on se demande sans cesse à mesure que les scènes du nouveau film de Navot Papushado se succèdent les unes aux autres. Et ce n’est pas tant parce qu’on plaçait de forts espoirs dans le coréalisateur du foudroyant "Big Bad Wolves" pour donner vie à un actionner bourrin et décomplexé à la sauce "Shoot’Em Up". Non, c’est surtout parce que le contrat n’est tout simplement pas rempli.

T’en veux du jeu de massacre gorasse et drolatique avec des amazones badass qui jouent du flingue comme Maïté joue du hachoir avec ses anguilles ? A la place, t’auras juste un sous-"John Wick" qui en décalque la logique « traque + vengeance » (et qui remplace même le Syndicat par la Firme !), tout en oubliant que la fameuse trilogie avec Keanu Reeves s’était surtout distinguée par une action vénère à la lisière du délire expérimental – surtout dans son hallucinant second opus.

T’en veux des actrices qui foutent la pâtée à des bad guys caricaturaux à grosses cojones ? A la place, t’auras juste pas mal de bavardages étalés sur deux heures pas folichonnes, avec des comédiennes en petite forme qui ne font qu’encaisser leur chèque en suivant une ligne narrative et dramaturgique cousue de fil blanc. Le tout avec une mise en scène bien trop propre et pas assez en roue libre pour amplifier le délire que le film aurait dû représenter.

Le plus gros défaut de ce milkshake aux fraises est le genre de détail qui suffit à couler un film : une héroïne qui a visiblement laissé son charisme au vestiaire. Incapable de jouer différemment quand elle papote avec une mioche ou quand elle se prend un pain dans la gueule, Karen Gillan joue tellement mal qu’on n’arrive jamais à voir son personnage comme autre chose qu’une ado un peu rebelle qui gigote en vain les bras et les jambes. A titre comparatif, il suffit de repenser à l’ambiguïté folle et à la badass-attitude démentielle dont faisait preuve Betty Gilpin de "The Hunt" pour prendre acte d’une prestation d’actrice aussi fade.

En tant que spectateur, le choix est mince : se sentir presque une âme de médium à force de prévoir la scène qui va suivre, ou manger son pop-corn sucré face à un film hélas pas assez salé (les scènes d’action se comptent sur les doigts d’une main !). On pourra certes noter un petit piment sympatoche à se mettre sous la dent (une rigolote scène de flinguage dans un couloir d’hôpital entre personnes soit handicapées soit shootées au gaz hilarant !), une baston un tant soit peu énervée avec Janis Joplin en fond sonore, un flinguage au ralenti et en travelling latéral, ou encore une Lena Headey qui aurait davantage mérité la tête d’affiche – il suffit chez elle d’un simple regard pour dégager charisme et danger. Reste que ce n’est jamais cool de constater que, sur le dessert soi-disant aspergé de sang, on nous a remplacé le jus de cervelle par du jus de groseille.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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