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BIS REPETITA

Un film de Émilie Noblet

La triche comme seule option, même au scénario

Delphine, professeure d’option latin, fatiguée par le peu d’intérêt que montrent ses élèves pour sa matière, donne des notes fictives à ses élèves, afin qu’on la laisse tranquille. Flanquée d’une trop enthousiaste directrice d’établissement, qui tente de lui faire relire la thèse de son neveu, elle découvre que sa classe est sélectionnée pour représenter la France aux championnats d’Europe de latin. Celui-ci ayant lieu à Naples, le neveu de la directrice devient le second accompagnant du voyage scolaire qui se profile…

Premier long métrage d’Émilie Noblet, "Bis Repetita" présente la situation de départ en à peine deux scènes qui prêtent à sourire. Sur fond de « What a wonderful world », un ralenti insiste sur ds élèves souriants et motivés qui lèvent la main, un cours de math se terminant par des applaudissements. Sans transition, un exposé d’Histoire peu passionnant est à peine suivi par quelques élèves dispersés. Nous voici dans la classe de Delphine, enseignante d’option latin, blasée, à laquelle donne corps Louise Bourgoin, pour la première fois en premier rôle d’une réelle comédie, après des seconds rôles dans "Le Petit Nicolas" et "Les dents, pipi et au lit".

Étrangement récompensé du Prix coup de cœur du jury au dernier Festival de l’Alpe d’Huez, où il était sans doute l’un des rares maillons faibles de la compétition, le film peine à convaincre et surtout, met un certain temps à faire rire. Certes basé sur une idée originale, qui consiste à faire d’un cours de latin un élément de comédie (on a eu droit aux mathématiques l’an dernier, côté romance avec le très réussi "Le Théorème de Marguerite"), le problème principal de "Bis Repetita" est l’absence totale de crédibilité de plusieurs de ses postulats de départ. Comment croire en effet un instant qu’une classe aussi mauvaise ne soit pas repérée avant sa sélection pour des championnats du monde (la note moyenne de la classe comme seul critère aveugle est impensabe), ou lors de l’entraînement précédent ceux-ci. Et surtout comment envisager le fait qu’un voyage (présenté ici comme « surprise ») à l’étranger, à Naples puisse être organisé par l’Éducation Nationale en si peu de temps, alors que l’ensemble des sorties des lycées et collèges de toute l’année sont déjà calées avant même la rentrée scolaire de septembre.

Si l’on parvient à laisser de côté ces deux énormités scénaristiques, l’envoie de ce groupe d’élèves dissipés mais attachants à Naples, accompagnés de leur prof et du fameux thésard, devenu une sorte d’insupportable G.O., finit par décoller enfin, lorsque la triche devient la seule option pour ne pas perdre la face. Virant ainsi au sympathique conte sur la tricherie, avec des plans en mode commando visant à remonter dans le classement, le scénario n’avait cependant pas besoin d’en rajouter côté romance, même si cela permet au final au personnage de Xavier Lacaille de devenir lui aussi attachant. Malheureusement, la sauce retombe avec les multiples clichés sur le latin-lover italien imbu de sa personne, et surtout avec l’épreuve finale, qui si elle repose sur un classique ressort de la comédie d’affirmation de soi, propre d’usuelle à créer l’adhésion comme l’émotion, n’est finalement pas plus crédible que les deux postulats de départ, d’autant qu’elle joue ici sur la durée. Regrettable.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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