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AT ANY PRICE

Un film de Ramin Bahrani

Croître ou mourir ?

Henry Whipple tente de conforter sa ferme comme une entreprise rentable. Il ne recule devant rien, allant jusqu'à proposer à un voisin le rachat de ses terres, lors d'un enterrement. Vieillissant, il espère que son plus jeune fils reprendra le flambeau. Mais ce dernier ne pense qu'à une chose : devenir pilote de course professionnel...

Voilà un film américain qui a dû faire grincer quelques dents chez les entrepreneurs de tous poils, avides d'argent et de croissance, et délaissant l'humain au passage. Comme si de plus en plus de voix s'élevaient, au travers du média cinéma, pour dénoncer les injustices de ce monde, et les mauvais chemins qu'empruntent l'économie, même locale (voire "Promised Land" de Gus Van Sant récemment par exemple). "At Any Price" est donc une nouvelle histoire de réussite, que les ados pourront prendre au premier degré (la lutte émancipatrice d'un fils face à un père dirigiste) mais qui revêt quelques aspects politiques intéressants, concernant l'exploitation des agriculteurs par les OGM, la précarité grandissante d'exploitations pourtant de plus en plus grandes.

Au travers du portrait d'un vendeur de semences du Midwest américain, le film dénonce la concurrence acharnée, qui va jusqu'à diviser les familles et opposer les amis d'antan, et l'échec du « expand or die », voué à détruire au final toute une société. Histoire de la rébellion du plus jeune des fils, "At Any Price" vaut à Zac Efron ("High School Musical", "Paperboy") un nouveau rôle sérieux qui finit d'asseoir sa réputation de bon comédien, portrayant un garçon responsable, désireux de choisir son destin malgré la certitude de déplaire à papa. La recette est certes classique, expliquant certainement le retour bredouille du film du Festival de Venise 2012, mais elle fonctionne toujours, d'autant que le charisme dévastateur du jeune acteur, lui vaut les plus belles conquêtes (et ici une scène d'amour dans un silo à grains, assez torride...).

Mais au final c'est une nouvelle fois Dennis Quaid qui attire l'attention par sa performance. En homme d'affaire fragilisé, professionnel du sourire – qu'il délivre sur commande – il incarne un rêve américain en passe de devenir un cauchemar. Son penchant intéressé, y compris dans les relations internes à sa propre famille, lui vaut de risquer de tout perdre, y compris ses proches. Il rend crédible cette histoire de famille et de réussite, bien plus intéressante de son point de vue, que de celui du pilote incompris, façon James Dean, que représente son fils.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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