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ANA Y BRUNO

Un film de Carlos Carrera

Un drame psychologique jouant avec le fantastique

Ana est amenée, avec sa mère, dans une grande demeure en bord de mer. Son père les laisse ici et s’en va sans même dire au revoir. Dans les couloirs de cet étrange sanatorium, où un danger semble guetter sa mère, elle fait rapidement connaissance d’étranges créatures : un gamin agité aux oreilles pointues dénommé Bruno, une éléphante énorme, un WC qui parle, un gros ver, un robot horloge…

Dans la section hors compétition du Festival d’Annecy 2017, un petit film mexicain s'est particulièrement fait remarquer, à la fois par son ton résolument triste et par une certaine inventivité macabre. Récit tournant autour de la folie, "Ana y Bruno" raconte l'histoire d'une petite fille (Ana) faisant la connaissance des esprits qui obsèdent les patients d'un hôpital psychiatrique dans lequel vient d'être enfermée sa mère.

Visuellement inventif dans la représentation des visions de chaque patient, le film affuble ses personnages de traits caractéristiques très marqués. Ana apparaît ainsi comme maladive, avec de grosses cernes noires. Le clown, lui, a de grands yeux et un air vicieux. Quant à Bruno, outres ses oreilles pointues, il a aussi des yeux de couleurs différentes. Réussi dans la description de cette étrange ménagerie qui peuple l’hôpital (et surtout les têtes des patients) et la représentation du danger qui menace la mère, ce film d’animation pâtit un peu cependant de l’utilisation des images de synthèses pour rendre différentes textures (notamment les sols ou le gazon).

Dans sa seconde partie, le récit se muera en un fantasque road-movie à la recherche d'un père soupçonné d'avoir refait sa vie. Assumant ainsi sa dose d'aventures, d’un train que l’on prend soudain à contresens à une amusante scène de contrôle des tickets, "Ana y Bruno" continue cependant tout du long à afficher une noirceur indéniable, teintée d'une déchirante tendresse. Une très bonne surprise propre à faire toucher du doigt aux enfants, le sujet de la folie et de la culpabilité.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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