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À PEINE J'OUVRE LES YEUX

Un film de Leyla Bouzid

Jeunesse bâillonnée

En 2010, en Tunisie, Farah, jeune fille de 18 ans, vient de passer son bac et entretient une relation amoureuse avec un joueur de luth, également compositeur, qui la fait chanter dans son groupe de rock. Sa mère, inquiète pour son avenir, décide de l'inscrire malgré elle en école de médecine...

Au travers du portrait d'une jeune femme s'éveillant au monde et découvrant à la fois les difficultés de s'émanciper de sa famille et le peu de liberté d'expression qui existe en son pays, "À peine j'ouvre les yeux" positionne son action avant la révolution de décembre 2010. Autour de ce personnage de jeune inconsciente, la tignasse au vent, la langue bien pendue, ses pulsions dictant ses actions plus que sa raison, c'est la contradiction entre respect pour sa famille et volonté d'être libre qui est ici scrutée de près.

Le film, reparti avec le prix du public et le Label Europa Cinema aux derniers Venice Days, décrit en tous cas avec acuité un contexte de contrôle social (les rumeurs, le regard du voisinage, la menace du déshonneur...), doublé d'agissements en sous-main de la police secrète, visant à formater une jeunesse ainsi contrariée dans ses élans contestataires. La scène de chant dans un bar d'hommes comme celle liée à l'annulation d'un concert apparaissent certes simples, mais vont droit au but en termes de message. Un film engagé qui ne serait que peu de chose sans sa fougueuse interprète principale, la jeune Baya Medhaffar.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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