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9 JOURS À RAQQA

Un film de Xavier de Lauzanne

Un portrait édifiant

L’écrivaine et journaliste Marine de Tilly décide de se rendre en Syrie, à Raqqa, pour interviewer Leila Mustapha, maire kurde de cette ville autrefois capitale de l’État Islamique, en espérant en tirer un livre. En compagnie d’Xavier de Lauzanne, elle traverse donc le nord de l’Irak, puis la frontière syrienne, puis se retrouve escortée par les forces kurdes jusqu’à Raqqa, où elle aura 9 jours pour découvrir cette femme, qui s’est donnée pour mission de reconstruire la ville…

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Xavier de Lauzanne, auteur remarqué des documentaires "D'une seule voix" et "Les Pépites", était dans la sélection Label Cannes 2020 avec ce documentaire passionnant, accompagné d’une très belle B.O. signée Ibrahim Maalouf, centrée sur une figure féminine ancrée dans un monde d'homme, tâchant de mener à bien la reconstruction des infrastructures d'une ville détruite à 80%. Le premier choc, à la vision, vient justement de là : la découverte des ruines des immeubles, des traces de tirs omniprésentes, de la voie de chemin de fer en grande partie démontée et qui semble mener nulle part... une perspective de désolation que chaque spectateur ne sera pas près d'oublier.

C'est avant tout un dialogue que le metteur en scène observe avec distance, entre l'écrivaine, sa traductrice et Leila Mustapha, la caméra l'accompagnant dans les coulisses, dans des moments officiels, comme sur certains lieux qu'elle voulait mettre en évidence (comme la « place de l'enfer », lieu d'étalage des atrocités de l'EI pour mieux maintenir la population dans la peur et donc l'obéissance). Dressant un état des lieux moins alarmiste qu'alerte (les cellules dormantes sont redevenues actives...), le film revient aussi sur les combats des troupes de femmes pour libérer le secteur, comme sur le caractère œcuménique des lieux, où on toujours vécus en paix différentes communautés comme religions.

A la fois lucide sur les risques et sur le travail restant encore à accomplir, "9 Jours à Raqqa" se construit en un compte à rebours aux chiffres rouges, n'hésite pas à charger l'impuissance de l'ONU, tout en montrant la renaissance progressive de l'activité au milieu des décombres. Un témoignage essentiel en ces temps où l'Occident cède à nouveau la place aux extrémistes dans d'autres pays, la solution étant sans nul doute dans les mains des locaux, mais non pas sans danger ou aide. A noter que le documentaire est le premier d'une trilogie intitulée "La Vie après Daech", qui se poursuivra avec "Radio Al-Salam" montrant une radio libre du Kurdistan irakien animée par des journalistes de différentes communautés et "Mossoul Campus" dans lequel des étudiants réinvestissent leur grande bibliothèque, brûlée par Daesh. On les attend avec impatience.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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