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venise 2015 - Couples en crise

Première thématique de cette année, les couples en crise étaient au centre d'une bonne dizaine de films cette année à Venise. Du désamour aux différences culturelles insurmontables, de la perte de l'enfant au traumatisme familial, en passant par le poids du carcan religieux ou par le besoin d'admiration, les motifs étaient nombreux pour expliquer la dégradation des relations et la séparation parfois à venir.Dans "Early winter" c'est à la non adaptation à un pays que fait face le personnage de Suzanne Clément, immigré d'un pays de l'Est ne parlant qu'anglais, construisant déprime et désamour dans un quotidien terne et désoeuvré, face à un mari canadien francophone pourtant prêt à tout pardonner. Avec la "La prima luce" ce sont les différences culturelles qui auront eu raison d'un couple pour lequel la question de l'enfant se pose lors du déménagement de la femme. Vu du point du vu du père, forcé de s'installer dans un pays où il ne peut s'adapter, le film s'avère rudement désenchanté.Quand dans "The daughter" il est question de jalousie face au bonheur des autres, "La memoria del agua" s'attarde sur les manières de gérer chacun à sa manière le deuil, celui d'un enfant. De la peur de l'oublier, ou de le perdre à nouveau en recommençant à vivre normalement, c'est de l'impossibilité de s'aimer à nouveau que le film nous fait témoin. Ceci tout en indiquant intelligemment que ce n'est pas forcément celui qui s'exprime le moins qui souffre le plus.Au travers de l'israélien "Mountain", c'est la routine du couple et le désamour qui est vu sous l'angle du carcan religieux qui enferme une femme dans l'horizon d'un cimetière, autour duquel elle voit les autres vivre souvent autrement. Un film généreux, qui questionne l'enfermement. Autre film généreux, "Marguerite" dessine le portrait, inspiré de Florence Foster Jenkins, d'une femme prête à tout (même à se donner en spectacle en public) pour que son mari la regarde à nouveau. Le film, signé Xavier Giannoli, offre en fait un tendre double portrait, avec d'un côté cette femme fantasque chantant horriblement faux, et de l'autre ce mari attentif à ce qu'elle ne le découvre jamais."Anomalisa" de Charlie Kaufman, tourné en stop-motion, décrit quant à lui la crise de la quarantaine sous forme de film d'animation inattendu où tous les personnages prennent le physique de cette femme fantasmée ou à côté de laquelle on est un jour passé. De regrets il est donc ici question, comme de possibilité de changer le passé et modifier ses choix. Â l'opposé, dans un mode hyper-réaliste, "Tempête" décrivait lui le quotidien d'un père divorcé confronté à des problèmes de garde d'enfants, du fait son métier de marin et de la précarité qui va avec.

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Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur