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VENISE 2006 - Portraits de femmes volontaires

Les figures féminines ne furent pas en reste au sein de la sélection d'un festival enclin à montrer la poigne de ces gentes dames. Ainsi anglais et américains nous livrent deux portraits diamétralement opposés de femmes de pouvoir. D'un côté Helen Mirren incarne la Reine Elizabeth 2 dans ses frictions quotidiennes avec un premier ministre aussi calculateur qu'elle. De l'autre, Meryl Streep représente la business woman dans toute son atrocité, qui à la tête d'un magazine de mode se joue de ses collaborateurs pour conserver son influence.

Bardé d'un scénario finement écrit, "The queen" de Stephen Frears use élégamment de paraboles pour affirmer cette lutte de pouvoir au sein d'un mariage forcé. La première scène où la Reine accueille Tony Blair et l'oblige à lui demander à genoux l'autorisation d'être premier ministre est un délice de symbolique. Comédie enlevée, "Le diable s'habille en Prada" concentre son portrait sur la peur que provoque la femme de pouvoir, là où un homme apparaîtrait comme légitime ou vulgaire.En lutte personnelle, les simples citoyennes autrichiennes, brésiliennes et belges, eurent bien plus de mal à s'accomplir. Les amies d'enfance de "Fallen", se retrouvant à l'occasion de l'enterrement d'un vieux copain, découvrent qu'elles n'ont pas vraiment réussies leurs vies, pourtant éloignées dans leurs parcours (une est mannequin, une autre incarcérée...), mais toutes possèdent encore l'envie de se battre malgré une société qui les contraint dans leurs libertés.

Autre personnage meurtri, l'héroïne de "Suely in the sky" désire s'extirper d'un village où elle n'a aucun avenir, son ticket de sortie devenant aussi son chemin de croix. Étouffée autant qu'épaulée par sa tante, sa grand-mère et son nouvel amant, celle fille-mère organise une tombola dont le gros lot sera une intense nuit d'amour avec elle. Touchant portrait, le film est aussi la peinture d'un désespoir quotidien où promiscuité et pauvreté entraînent des sacrifices aussi illégaux que risqués.

Isabelle Huppert incarne elle une mère divorcée qui vit avec ses deux fils dans une maison dont elle n'a que l'usufruit. Formidablement bien dosé, son personnage s'engage dans une guerre d'usure espérant récupérer l'argent de la vente de ce lieu de souvenir pour partir et démarrer une nouvelle vie avec l'homme qu'elle aime. Mais changer de vie n'est jamais chose facile, surtout quand on doit affronter ses propres enfants. "Nue propriété" (mai 2007) fait ainsi preuve d'un cruel réalisme, servi par des dialogues justes rendant ce personnage féminin aussi ambiguë que tactique.

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Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur