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Gérardmer 2007

Gérardmer 2007 - Humour (très) noir

La cuvée 2007 du Festival fantastic'arts de Gérardmer fut cette année placée sous le signe de l'humour, décapant ou plus subtilement dénonciateur, les différents jurys concentrant leurs prix sur trois films.

Grand prix du jury, « Norway of life » (sortie le 28 mars) dresse habilement un portrait angoissant d'une imaginaire société nordique où la fantaisie n'est pas de mise. Situé dans une ville minérale, perdue au fin fond d'un mystérieux désert, ce second film de Jens Lien épingle les travers de certains états policiers, de sociétés trop aseptisées, où toute notion de mal être ou apparence dépitée doit être chassée de la vue des autres. Cette comédie très réussie met en scène un homme devenant peu à peu gênant car s'ennuyant dans sa vie bien rodée, entre travail, femme obsédée par la déco Ikéa et maîtresse belle mais totalement insensible et inconséquente. Naviguant entre fantastique, social et gore, le film fustige avec bonheur l'uniformisation des sociétés occidentales et fait preuve d'une poésie inattendue.

Autre oeuvre s'attaquant à la société de consommation, « Fido », de l'américain Andrew Curie, met en scène un zombie domestiqué grâce à un mystérieux collier. On y découvre un Etat et des citoyens entièrement sous influence d'une entreprise qui fait la pluie et le beau temps, cherchant à maximiser ses profits grâce à une nouvelle sorte d'esclavage. Le contexte sciemment choisi des années 50 amplifie le décalage de cette histoire d'animal domestique inapproprié, mettant en évidence au passage un racisme quotidien qui semble revenir au galop aux Etats Unis.

Enfin, d'une moindre portée politique, « Black Sheep » a su séduire les spectateurs, en mettant face à face éleveurs, moutons enragés et écologistes. Férocement drôle, ce film légèrement gore offre de grands moments de délire, tout en cultivant le goût du contre pied. Entre les attitudes des sales bestioles, les penchants zoophiles de certains humains et les surprenantes activités de l'écolo de service, il est difficile de garder son sérieux. De quoi relancer, en cas de succès en salles, la notoriété d'un Festival de qualité, qui aurait bien besoin d'un coup de pouce.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur